2017
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Études françaises ; vol. 53 no. 1 (2017)
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Michel Biron, « La passion du banal », Études françaises, ID : 10.7202/1039563ar
Les fictions de Gilles Marcotte n’ont pas la notoriété de ses essais, mais elles constituent une part essentielle de son oeuvre. Leur originalité est double : d’un côté, elles ont en commun de mettre en scène des personnages de peu d’ambition portés par « la passion du banal ». D’un autre côté, ces romans et ces nouvelles prennent toutes sortes de liberté à l’égard des conventions réalistes, rejoignant par là le goût de l’inachevé, du discontinu et de l’indéterminé que Gilles Marcotte a associé, dans ses essais, au « roman à l’imparfait ». L’élégance et la précision qui caractérisent l’écriture de l’essayiste se manifestent tout autant à travers les ruses du romancier, qui ne cesse de casser l’image trop commode, trop simple que nous aimons avoir des autres ou de nous-mêmes. Il casse ainsi sa propre image, et c’est possiblement cette liberté de mêler les genres, de ne pas être là où on l’attend, de s’étonner soi-même, qui donne à ses fictions une forme de nécessité.