2015
Tous droits réservés © Ethnologies, Université Laval, 2015
Marina Rougeon, « Entrer dans la confidence : Ethnographie, « cancans » et rapports de force au Brésil », Ethnologies, ID : 10.7202/1039662ar
À partir d’un point de vue réflexif, il s’agit d’analyser les jeux de rapports de force mus par une modalité d’interlocution en vigueur entre femmes proches dans le Centre-ouest brésilien, les fofocas – « cancans ». Ils se donnent à voir principalement dans les interactions intergénérationnelles par le biais d’une oscillation entre relations de complicité et de rivalité, et à partir de confidences, y compris dans la relation ethnographique. L’ethnologue est alors indirectement incitée à prendre parti pour l’une ou l’autre et plus largement pour des réseaux de proches. Les fofocas révèlent ainsi certaines caractéristiques des relations de proximité, les ambiguïtés affectives mais aussi les stratégies de domination qu’elles permettent d’établir. Ces éléments obligent à interroger les effets produits par la présence de l’ethnographe et son inscription dans ces réseaux de proximité. Quelles implications sur la recherche peut avoir le fait d’entrer dans la confidence ? D’autant que la circulation des fofocas a parfois des effets néfastes sur les corps et sur les esprits, qui sont l’objet d’anticipations et de traitements particuliers. L’analyse de ces situations d’interlocution met en évidence les logiques à l’oeuvre entre éloignement et rapprochement, ces paroles jouant un rôle central dans les relations de proximité et a fortiori dans la pratique de l’ethnographie.