2016
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Les ateliers de l'éthique ; vol. 11 no. 2-3 (2016)
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Stéphane Lemaire, « A Stringent but Critical Actualist Subjectivism about Well-Being », Les Ateliers de l'éthique / The Ethics Forum, ID : 10.7202/1041770ar
Les subjectivistes à propos du bien-être soutiennent qu’un objet est bon pour un individu si et seulement si cet individu possède un certain type d’attitude positive à l’égard de cet objet. Dans cet article, je me concentre sur le débat à l’intérieur du camp subjectiviste qui oppose ceux qui pensent que les attitudes positives pertinentes sont actuelles à ceux qui pensent qu’elles sont contrefactuelles sous une condition d’idéalisation. Ma thèse principale est que le subjectivisme devrait être rigoureusement actualiste bien que nos attitudes positives actuelles puissent être critiquées d’un point de vue qui leur est interne. Afin de défendre cette position, je présente d’abord trois desiderata qu’une théorie subjectiviste du bien-être devrait satisfaire. Deux de ces desiderata résultent du fait qu’une théorie subjectiviste du bien-être ne devrait pas être implicitement paternaliste, alors que le troisième résulte de ce qu’elle devrait pouvoir jouer un rôle normatif. Je montre ensuite que plusieurs théories actualistes qui introduisent des formes modestes d’idéalisation ou d’autres conditions ayant la même visée échouent à satisfaire au moins un des desiderata anti-paternalistes. Une version très rigoureuse de l’actualisme subjectiviste s’en trouve ainsi légitimée. Je décris ensuite les trois aspects de l’actualisme rigoureux que je souhaite défendre et qui permettront d’expliquer dans quelle mesure ce qui est bon pour un individu peut jouer un rôle normatif. Enfin, je montre comment ces aspects nous permettent de répondre à l’objection classique selon laquelle les objets d’« attitudes défectives » actuelles ne peuvent être bons pour ceux qui ont ces attitudes.