2018
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Études françaises ; vol. 54 no. 1 (2018)
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Olivier Penot-Lacassagne, « Novölittérature… à la brisure des années 1970 », Études françaises, ID : 10.7202/1042870ar
Comment « l’aventure punk » française a-t-elle été écrite ? Quel en fut le récit « littéraire » ? Par quels mots s’est-elle dite ? Jean-François Bizot, Patrice Eudeline, Kriss Vilà et Yves Adrien ont relaté avec éclat les avatars de ces « années blanches », 1976-1980. Entre témoignage, manifeste, roman-photos et fiction fantastique, leurs récits rendent compte de la brisure punk : débâcle de l’utopisme des années 1960, présent effondré, horizon sans lendemain. Les protagonistes de leurs récits traversent le vaste champ des désillusions des années 1970 et 1980. Inaptes ou indifférents au recyclage néolibéral qui s’amorce, ils « survivent » comme ils peuvent, confrontés à deux écueils : leur marginalisation inutile, la récupération marchande du néant. Sursaut brutal, déchéance morbide. « Sur la route de la déperdition et de la rédemption » (Bizot), une écriture s’invente. Entre dérision et tragique, elle exhibe les impasses de ces années-là. Écriture d’une blank generation relatant les « ultimes convulsions » de révoltes moribondes ; écriture extrême butant sur les impasses du moment. Nous relirons ces récits qui se construisent sur les vides ou les failles de ce qu’on appelle la modernité libérale-libertaire. Récits certes isolés, mais qui, témoignant d’un impossible retour « à la normale », se tiennent de manière exemplaire sur la limite désolée de cette époque – le long après-68, époque qui ne cesse de hanter notre présent.