Pourquoi la peur des ours et des épidémies n’est-elle pas automatique ? Ce que Peirce apporte à l’analyse des peurs dans la constitution des problèmes publics

Fiche du document

Date

2017

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Relations

Ce document est lié à :
Cahiers de recherche sociologique ; no. 62 (2017)

Collection

Erudit

Organisation

Consortium Érudit

Licence

Tous droits réservés © Athéna éditions, 2017




Citer ce document

Jocelyne Arquembourg, « Pourquoi la peur des ours et des épidémies n’est-elle pas automatique ? Ce que Peirce apporte à l’analyse des peurs dans la constitution des problèmes publics », Cahiers de recherche sociologique, ID : 10.7202/1045617ar


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr En Es

L’apport des travaux de Ch.S. Peirce à l’étude des émotions est souvent méconnu. Pourtant, ses échanges épistolaires avec W.James au sujet de la peur des ours, sont à l’origine d’une réflexion féconde. Rétrospectivement, on peut considérer que ses analyses permettent de dépasser des clivages qui structurent encore les études contemporaines sur les émotions. Elles invitent, tout d’abord, au dépassement de l’opposition entre l’exploration interne et l’observation des manifestations externes des émotions. En qualifiant les émotions d’hypothèses, Peirce refuse aussi de réduire leur indétermination. Enfin, il opère un glissement d’une interrogation sur les objets des émotions à celle des situations dans lesquelles elles prennent naissance. Le but de cet article consiste à mettre ces trois spécificités à l’épreuve de la peur des maladies et des épidémies dans les sociétés contemporaines, et de leur constitution en problèmes publics. Cette étude empirique porte sur le problème de l’antibiorésistance, source de nombreuses pathologies ou de difficultés grandissantes à soigner des maladies jusque-là curables au moyen d’antibiotiques, et sur la production des discours catastrophistes qu’il a générés. Si les discours catastrophistes sont d’abord apparus comme un moyen commode de susciter la peur afin de changer les comportements en matière d’antibiothérapie, ils ont aussi générés des critiques. Ces débats méritent attention car ils sont révélateurs de manières de concevoir la peur, et son rôle dans la communication des problèmes de santé publique. En retour, les théories de Peirce éclairent de manière efficace leur absence d’ancrage dans des situations concrètes et sensibles.

The contribution of the work of Ch. S. Peirce to the study of emotions is often misunderstood. Yet his epistolary exchanges with W. James about what is to be afraid of a bear, is at the origin of a fruitful reflection. In retrospect, one can consider that its analyses allow to overcome divisions that still shape contemporary studies on emotions. They invite, firstly, to the overcoming of the opposition between internal exploration and the observation of the external bodily manifestations of emotions. In describing the emotions as hypothesis, Peirce also refuses to reduce their indeterminacy. Finally, he operates a shift from a study of the objects of emotions to the study of the situations in which they arise. The purpose of this article is to apply these three characteristics to the fear of diseases and epidemics in contemporary societies, and its role in the constitution of public problems. This empirical study examines the problem of antibiotic resistance, source of many pathologies or difficulties to treat diseases previously curable through antibiotics, and the production of catastrophist discourses that it generated. If the apocalyptic discourses first appeared as a convenient way to create fear in order to change behaviors regarding the consumption of antibiotics, they also generated criticism. Those debates deserve attention because they reveal ways to design fear, and its role in the communication of public health problems. In return, the theories of Peirce cast light on their lack of anchoring in sensitive situations.

El aporte de los trabajos de Ch. S. Peirce al estudio de las emociones, es generalmente desconocido. A pesar de ello, los intercambios epistolares con W. James en relación con el miedo a los osos, se caracterizan en sus orígenes por ser de una reflexión fecunda. Retrospectivamente, podemos considerar que los análisis permiten superar las divisiones que estructuran los estudios contemporáneos sobre las emociones. Ellas invitan, en primer lugar, a superar la oposición entre la exploración interna y la observación de las manifestaciones externas de las emociones.Calificando las emociones como hipótesis, Peirce también se niega a reducir su indeterminación. Finalmente, existe un desplazamiento a partir de una incógnita que parte desde los objetos de las emociones hacia situaciones donde ellas se originan. El objeto de este artículo consiste en poner a prueba estas tres especificidades respecto al miedo a las enfermedades y a las epidemias en las sociedades contemporáneas y que posteriormente se conforman en problemas públicos. Este estudio empírico se sostiene sobre el problema de la antibioresistencia, origen de muchas patologías o de crecientes dificultades para curar las enfermedades, hasta hoy en día curables por medio de antibióticos, y sobre la producción de discursos catastróficos que ellas generan. Si los discursos catastróficos aparecen en un principio como un medio apropiado para suscitar el miedo, con el propósito de cambiar los comportamientos en materia de antibio-terapia, ellos también generan críticas. Esto debates merecen atención ya que son reveladores de maneras de concebir el miedo y su rol dentro de la comunicación de los problemas de salud pública. Como contrapartida, las teorías de Peirce esclarecen de manera eficaz la ausencia de anclajes en situaciones concretas y sensibles.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en