2018
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Études françaises ; vol. 54 no. 2 (2018)
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Laurent Demanze, « Paradigme cynégétique et archaïsme artistique : L’« écriture faite de bêtes » de Pierre Michon », Études françaises, ID : 10.7202/1050584ar
Dans La Grande Beune (Lagrasse, Verdier, coll. « Jaune », 1996), Pierre Michon prolonge son parcours de la peinture occidentale entrepris depuis Vie de Joseph Roulin (Lagrasse, Verdier, coll. « Jaune », 1988) et achevé avec Les Onze (Lagrasse, Verdier, coll. « Jaune », 2009), mais en s’attachant cette fois aux fresques rupestres. Ce « presque roman » est marqué tout entier par une teneur préhistorique et archaïque, qui transforme le narrateur, un jeune instituteur dans les années 1960, en un chasseur et le récit en une traque érotique : c’est tout ensemble un récit d’éducation interrompu et une quête érotique, transfigurés en parcours cynégétique. Cet article s’attache à suivre ce motif cynégétique, pour en faire, à la suite des travaux de Carlo Ginzburg, le modèle même de la narration. Voilà sans doute pourquoi les figures de l’écriture et du récit graphique entrent pour ainsi dire en concurrence avec les représentations rupestres. Pas de peinture de chasse dans la grotte, mais à défaut, une multiplication de présences animales tout au long du récit.