2016
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TTR : Traduction, terminologie, rédaction ; vol. 29 no. 2 (2016)
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Ryan Fraser, « Underground Games: Surface Translation and the Grotesque », TTR: Traduction, terminologie, rédaction, ID : 10.7202/1051015ar
Souvent citée par les théoriciens pour des raisons contradictoires, la « traduction de surface » a un statut ambivalent en traductologie – chose peu étonnante étant donné que cette forme eccentrique-comique de traduction se veut « ambivalente » autant dans sa composition que dans sa lecture. Cependant, la théorie a marqué des progrès vers une meilleure compréhension de la traduction de surface au moment où Jean-Jacques Lecercle (1990) l’a conçue comme une forme in extremis d’interférence linguistique. Je me laisserai orienter par cette conception en proposant ici que cette pratique serait en tous points comparable au style ornemental classique et médiéval nommé « grotesque » par l’histoire des beaux-arts. Je présente ici la première étude traductologique à inscrire la traduction de surface dans la tradition du grotesque. Les points de comparaison sont au nombre de cinq : 1) la traduction de surface et les représentations dites « grotesques » sont créées par le mélange proscrit de matériaux incompatibles; 2) les deux impliquent, en plus, la notion d’une marge et d’un jeu centre-périphérie; 3) les deux sont informés par l’esthétique du comique, pervers, monstrueux; 4) les explications qu’ils génèrent sont fondées presque sans exception dans l’automatisme du langage et de la pensée; 5) les deux priorisent manifestement une lecture dans « l’ambivalence ».