2017
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Cinémas : Revue d'études cinématographiques ; vol. 28 no. 1 (2017)
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Emmanuelle André, « Effet spécial : l’incandescence du voir dans les films de Martin Arnold », Cinémas: Revue d'études cinématographiques / Cinémas: Journal of Film Studies, ID : 10.7202/1053852ar
Cet article vise à situer la définition de l’effet spécial dans une histoire plus large du cinéma (le trucage selon Christian Metz) et dans l’histoire de l’art (les débats sur la peinture et la sculpture à l’âge moderne). L’oeuvre « désanimée » de Martin Arnold réalisée sur la base de cartoons américains relance le paradigme de la vue et du toucher et sert la réflexion, non plus d’une dispute entre les arts (la sculpture qui opère per via di levare opposée à la peinture qui procède per via di porre), mais d’un « réglage de la perception » (Metz). Déclinée dans les films sur le mode d’une proposition plastique, l’opposition des sens devient l’enjeu d’une interrogation sur les sources du visible : ses origines physiologiques et ses manifestations psychiques. L’usage de la couleur — le fond noir sur lequel s’enlèvent les fragments colorés des icônes décomposées — produit, en connivence avec l’art abstrait, une « dynamite de l’inconscient » qui fait surgir une forme d’incandescence du voir et un effroi du regard.