Un droit criminel en retrait ou en introspection ? Les plaintes déposées pour tentative de suicide dans le district judiciaire de Montréal (1908-1919)

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2018

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Criminologie ; vol. 51 no. 2 (2018)

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Jean-François Cauchie et al., « Un droit criminel en retrait ou en introspection ? Les plaintes déposées pour tentative de suicide dans le district judiciaire de Montréal (1908-1919) », Criminologie, ID : 10.7202/1054233ar


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En 1892, date de la création du premier Code criminel canadien, la tentative de suicide est un crime, et ce, jusqu’à sa décriminalisation en 1972. Du droit criminel à la psychiatrie, le déplacement de la réaction sociale à la tentative suicidaire aurait en quelque sorte été « officialisé » par ce retrait de l’article de loi. Nous verrons néanmoins dans le présent article qu’il n’y a pas eu, pour les tentatives de suicide, d’abord prise en charge pénale et seulement ensuite, encadrement médical. En effet, au tournant du 20e siècle, le droit criminel cohabite déjà depuis un moment avec cet autre régime de vérité qu’est la psychiatrie. L’analyse de 163 plaintes pour tentatives de suicide à Montréal entre 1908 et 1919 montre qu’il faut être prudent avant de diagnostiquer qu’un type de régulation prend la place d’un autre. En effet, un verdict d’aliénation mentale ou une prise en charge médicale sans procès d’un individu aux tendances suicidaires ne sortent pas de facto le dossier judiciaire du rayon d’action du droit criminel. Il serait davantage question d’une réorganisation, voire d’un renouvellement partiel de ce type de droit quant aux options qu’il mobilise pour traiter des plaintes relatives aux tentatives de suicide.

In 1892, when the first Canadian Criminal Code was created, attempting suicide was a crime. It remained one until 1972, when it was decriminalized and the link between suicide and mental health and changes in social response toward suicide attempts were somewhat “officialised”. This article shows, however, that suicide attempts were not initially dealt with only through criminal law, to be handled next solely through a medical framework. At the beginning of the 20th century, the idea of suicide as a crime co-existed with the idea that it should be dealt with by psychiatry. Analysis of 163 complaints of attempted suicide in Montreal between 1908 and 1919 shows that it was not always easy to determine which approach would be followed – a verdict of mental illness or placing an individual with suicidal tendencies in a medical institution did not necessarily mean that the case would not lead to criminal prosecution. Reshaping, even a partial recreation, of this type of right was necessary to change the way suicide attempts were treated.

En 1892, fecha de la creación del primer código penal canadiense, la tentativa de suicidio es un crimen, y esto, hasta su despenalización en 1972. Del derecho penal a la psiquiatría, el desplazamiento de la reacción social a la tentativa de suicidio habría, en cierta medida, sido « oficializada » por este retiro del artículo de la ley. Veremos sin embargo en este artículo que no hubo para las tentativas de suicidio, primero, un tratamiento penal, y, sólo luego, un marco médico. En efecto, a principios del siglo XX, el derecho penal cohabita ya desde hace un tiempo con este otro régimen de verdad, que es la psiquiatría. El análisis de 163 denuncias por tentativas de suicidio en Montreal entre 1908 y 1919 muestra que hay que ser prudente antes de diagnosticar que un tipo de regulación remplaza a la otra. Un veredicto de alienación mental o el tratamiento médico sin proceso de un individuo con tendencias suicidas no sacan de facto el expediente judicial del marco de acción del derecho penal. Sería, en mayor medida, una cuestión de reorganización o hasta de una renovación parcial de este tipo de derecho en cuanto a las opciones movilizadas para tratar las denuncias relativas a las tentativas de suicidio.

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