(re)Médiations numériques et perturbations des sciences sociales contemporaines

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2017

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Sociologie et sociétés ; vol. 49 no. 2 (2017)

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Boris Beaude, « (re)Médiations numériques et perturbations des sciences sociales contemporaines », Sociologie et sociétés, ID : 10.7202/1054275ar


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La traçabilité sans précédent des pratiques sociales réactive des clivages qui ont divisé les sciences depuis le xixe siècle. L’abondance des données et la puissance de leur traitement semblent fragiliser la sociologie, alors même que la physique ou l’informatique investissent activement ses problématiques de prédilection. La sociologie n’aurait plus le monopole du social, dont les relations ne seraient pas si singulières, et pourrait faire l’objet de traitements éprouvés par les sciences de la nature. Afin de mieux saisir les enjeux relatifs au déploiement des dispositifs numériques à l’ensemble des pratiques contemporaines, nous proposons de distinguer l’évolution des relations sociales de l’observation de ces relations, de la production de connaissances et, enfin, de la production de sens, comme autant de « remédiations numériques ».Nous n’assisterions ainsi pas tant à une crise de la sociologie empirique qu’à la résurgence de l’idéal d’une physique sociale opposant aux qualités de l’interprétation la puissance de l’efficience. En faisant l’économie de plus d’un siècle de sciences sociales, ce projet promu par une science sociale computationnelle entretient pourtant de nombreux malentendus et une négligence surprenante de la réflexivité, récusant activement le propre de l’humain au profit de lois supposées universelles.

The unprecedented traceability of the social practices is reactivating the divisions that have divided the sciences since the 19th century. The abundance of data and the power of their processing seem to weaken sociology, while physics or computer science actively invest its field of predilection. Social sciences would no longer have the monopoly of the social, whose relations would not be so singular and could be the subject of treatments that have been experienced by the natural sciences. In order to better understand the issues related to the deployment of digital devices in all contemporary practices, we suggest distinguishing the evolution of social relations, the observation of these relations, the production of knowledge and, finally, the production of meaning, as many digital remediations.We would no longer be witnessing a crisis of empirical sociology, but the resurgence of the ideal of social physics, which would oppose the qualities of interpretation to the power of efficiency. Nevertheless, by omitting more than a century of social sciences, this project promoted by the computational social science perpetuates numerous misunderstandings, neglects the reflexivity, and rejects the proper of the human in favor of supposedly universal laws.

La trazabilidad sin precedentes de las prácticas sociales reactiva las divisiones de las ciencias desde el siglo xix. La abundancia de datos y el poder de su tratamiento parecen fragilizar la sociología, mientras que la física o la informática invierten activamente en sus problemáticas preferidas. La sociología no tendría ya el monopolio de lo social, cuyas relaciones no serían tan singulares, y podría ser objeto de tratamientos probados por las ciencias de la naturaleza. Para entender mejor los retos relacionados con el despliegue de dispositivos digitales a todas las prácticas contemporáneas, proponemos distinguir la evolución de las relaciones sociales de la observación de estas relaciones, de la producción de conocimientos y, finalmente, de la producción de sentido, como tantas “soluciones digitales”.Así, no presenciaremos una crisis de la sociología empírica sino el resurgimiento del ideal de una física social opuesta a las calidades de la interpretación del poder de la eficiencia. Haciendo la economía de más de un siglo de ciencias sociales, este proyecto promovido por una ciencia social computacional, mantiene sin embargo muchos malentendidos y una negligencia sorprendente de la reflexivilidad, recusando activamente lo propio del ser humano en beneficio de leyes supuestamente universales.

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