2018
Ce document est lié à :
Circuit : Musiques contemporaines ; vol. 28 no. 3 (2018)
Tous droits réservés © Circuit, musiques contemporaines, 2018
Makis Solomos, « L’écoute musicale comme construction du commun », Circuit: Musiques contemporaines, ID : 10.7202/1055194ar
Dans la tradition musicale idéaliste, l’écoute s’apparente à la plongée dans l’univers singulier de l’oeuvre musicale, conçue comme monade où chaque élément de la réalité a sa représentation : écouter signifie s’immerger dans une intériorité qui forme un monde en soi. La conséquence de cette forme d’écoute est une relative surdité à son environnement immédiat. Certaines formes actuelles d’addiction aurale, bénéficiant notamment du productivisme consumériste, renforcent jusqu’à la caricature cette surdité. C’est sans doute pourquoi de nombreux artistes d’aujourd’hui, et notamment ceux gravitant autour de l’écologie acoustique ou sonore, renversent la perspective et pensent l’écoute comme manière de se mettre en relation avec le monde. Cela passe souvent par une relative disparition de l’oeuvre (au profit de processus) et par un recentrement sur l’acte même d’écouter. Ce renversement n’est pas seulement un choix esthétique, il est aussi politique : il met en avant l’idée que l’écoute peut être construction du commun.