2016
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Études Inuit Studies ; vol. 40 no. 2 (2016)
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Peter Frost, « To Supplement or Not to Supplement: Are Inuit Getting Enough Vitamin D? », Études/Inuit/Studies, ID : 10.7202/1055442ar
Les Inuit affichent un taux sanguin de vitamine D se situant généralement dans la zone d’insuffisance, même lorsqu’ils mangent une alimentation traditionnelle de poisson et de gibier. Sans cette vitamine, les os se ramollissent et se déforment, condition appelée « rachitisme » pendant l’enfance et « ostéomalacie » à l’âge adulte. Cependant, jusqu’à une période récente, cette condition était beaucoup plus rare chez les Inuit que chez les non-Inuit, même lorsque ces derniers incluaient des personnes vivant tout près des communautés inuit et soumis à des conditions similaires de climat et de logement. On attribuait cette rareté à l’allaitement prolongé et à une alimentation riche en viande et pauvre en céréales. C’est par la suite que la situation s’inverse, car les Inuit deviennent plus à risque de développer le rachitisme, d’abord au Labrador pendant les années 1920 et ailleurs ensuite. Pour réduire ce sur-risque, des chercheurs recommandent une supplémentation quotidienne en vitamine D, en soutenant que le lait maternel serait trop pauvre en vitamine D et que même l’alimentation traditionnelle serait insuffisante pour fournir l’apport quotidien recommandé. Mais il faut se demander si cette carence est illusoire. Il se peut que les Inuit affichent un faible taux sanguin de vitamine D parce qu’ils en ont moins besoin, s’étant adaptés tant sur le plan culturel que sur le plan physiologique à un milieu où cette vitamine se synthétise difficilement dans la peau. Ces adaptations incluraient une alimentation qui augmente la biodisponibilité du calcium (grâce à la β-caséine du lait maternel, à certaines substances inconnues dans la viande et à l’absence d’acide phytique), ainsi que des modifications génétiques permettant une meilleure utilisation de la vitamine D. Si, de nos jours, les Inuit sont plus à risque de développer le rachitisme que les non-Inuit, ce sur-risque est néanmoins faible et semble avoir une cause alimentaire, à savoir le sevrage précoce et l’abandon d’une alimentation riche en viande et pauvre en céréales.