2014
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Revue musicale OICRM ; vol. 2 no. 1 (2014)
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James Deaville, « Debussy's Cakewalk. Race, Modernism and Music in Early Twentieth-Century Paris », Revue musicale OICRM, ID : 10.7202/1055844ar
Entre novembre 1902 et janvier 1903, les parisiens s’initient au cake-walk dansé à travers les représentations de deux troupes américaines en tournée : « Les Elks » et leur troupe de danseur noire et blanc apparaissent dans la revue Les joyeux nègres au Nouveau Cirque, alors que les « Florida Creole Girls » – sept femmes afro-américaines – dansent le cake-walk au Casino de Paris. Dans l’espace de quelques semaines, cette danse devient la nouvelle sensation de la capitale, comme il est indiqué dans l’édition de janvier 1903 de la revue Paris qui change, ce qui s’accompagne de quelques dissensions. C’est dans ce contexte culturel particulier que Debussy s’introduit dans le monde de la musique américaine syncopée avec son Golliwogg’s Cake-walk des Children’s Corner (1908). Cette œuvre est suivie par The Little Nigar (1909), dont il réutilise le thème dans La boîte à joujoux (1913) ; puis, par Minstrels du premier livre de Préludes (1910), qui reprend les rythmes du cake-walk de façon plus subtile ; enfin, «General Lavine »-eccentrique du deuxième livre (1910-1913), dans laquelle il utilise la désignation « Dans le style et le mouvement d’un cake-walk ». Alors que la littérature au sujet de Debussy et de la musique au tournant du siècle fait référence à la dette de Debussy à l’égard du cake-walk et du ragtime, elle a bien souvent échoué à situer le compositeur dans le discours qui prévalait au sujet de la danse, ce qui inclut le film Le cake-walk infernal (1903) de Georges Méliès. Cet article entend explorer les quatre œuvres de Debussy dans la perspective du débat contemporain sur le cake-walk dans la société et la culture françaises. Plutôt que d’attribuer une posture particulière au compositeur eu égard à la culture noire à travers l’appropriation du cake-walk, nous allons nous intéresser à ce que représentait pour Debussy la prise en charge des éléments de la société parisienne qui englobaient la danse et sa musique. Toutefois, comme le cas de Debussy et de son milieu parisien le montrera, l’appropriation moderniste du cake-walk ne peut ignorer les appréhensions problématiques entourant la race.