2019
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Études internationales ; vol. 50 no. 1 (2019)
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Éric Sangar, « L’impact de la fragmentation des mémoires collectives nationales sur la politique étrangère : le cas de la France », Études internationales, ID : 10.7202/1062816ar
Comment les changements dans les conditions de la gouvernance des mémoires collectives nationales influencent-ils la politique étrangère ? Le recours à des représentations du passé partagées à un niveau intersubjectif constitue une ressource pour la prise de décision et pour la justification de la politique étrangère. Dans cette optique, cet article identifie cinq facteurs qui amenuisent la capacité des gouvernements de régir les mémoires nationales et en explore deux conséquences principales. Tout d’abord, l’utilité justificatrice du recours à l’histoire est de plus en plus limitée. Ensuite, la disparition d’une mémoire collective consensuelle peut conduire à l’émergence du « présentisme » comme mode de temporalité dominant dans les processus de décision. Cette réflexion est illustrée par une analyse empirique du cas de la France, pays dont la politique étrangère se distingue par une forte tradition du recours à l’histoire nationale.