Rendre les solitudes supportables : Socialisations et (dés)intégration sociale des « isolés » d’un groupe d’entraide mutuelle

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2018

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Sociologie et sociétés ; vol. 50 no. 1 (2018)

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Sylvain Bordiec, « Rendre les solitudes supportables : Socialisations et (dés)intégration sociale des « isolés » d’un groupe d’entraide mutuelle », Sociologie et sociétés, ID : 10.7202/1063694ar


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À partir d’une investigation menée dans un groupe d’entraide mutuelle (GEM) — institution destinée à faire pièce aux isolements des « malades psychiques » —, cet article étudie les relations entre d’un côté les « pratiquants » de solitude, pour qui cette pratique fait problème et les incline à lutter contre elle et, de l’autre côté, l’« espace des luttes publiques et parapubliques contre l’isolement ». L’étude de cette relation se veut éclairante sur les forces intégratrices et socialisatrices des institutions de cet espace. Pour ce faire, l’investigation examine d’abord les ressorts biographiques des isolements de ces « isolés » et ce que la vie a fait d’eux avant leur entrée au GEM. Ensuite, l’observation et l’écoute de ces « isolés » montrent comment peuvent interagir luttes individuelles et luttes collectives contre les solitudes. À défaut de (re)socialiser les individus de telle sorte que leurs pratiques du monde social cessent définitivement de les conduire vers des solitudes honnies, ces interactions offrent aux « isolés » des formes d’intégration sociale leur étant ailleurs inaccessibles. Révélatrices des pouvoirs inégaux des institutions à former et à transformer les individus, ces luttes sont moins les génératrices de dispositions nouvelles autorisant une « vie normale » que les garantes du maintien en éveil d’une disposition de vie, fût-ce cette existence en décalage avec les normes dominantes.

Based on an investigation conducted in a Mutual Aid Group — an institution designed to counter the isolation of “psychically ill” people, this article examines the relationship between the “practitioners” of solitude for whom this practice is a problem and inclines them to fight it on the one hand, and the “space of public and parapublic struggles against isolation” on the other hand. The study of this relationship is intended to shed light on the integrating and socializing forces of the institutions of this space. To do this, the investigation first examines the biographical motives behind the isolation of these “isolated” people and what their lives have done with them before entering the Mutual Aid Group. Then, the observation and listening of these “isolated” people shows how individual and collective struggles against solitudes can interact. Failing to (re)socialize individuals in such a way that their practices in the social world definitively cease to lead them towards despicable solitudes, these interactions offer “isolated” people forms of social integration that are inaccessible to them elsewhere. Revealing the unequal powers of institutions to shape and transform individuals, these struggles are less the generators of new social resources allowing a “normal life” than the guarantors of keeping a life disposition awake, even if this existence is out of step with dominant norms.

A partir de una investigación realizada con un grupo de ayuda mutua (Groupe d’entraide mutuelle, GEM) −institución destinada a responder al aislamiento de los “enfermos psíquicos”, este artículo estudia las relaciones entre, por una parte, los “practicantes” de la soledad, para quienes esta práctica constituye un problema y los lleva a luchar contra ella y, por otra parte, el “espacio de las luchas públicas y paraestatales contra el aislamiento”. El estudio de esta relación busca esclarecer las fuerzas integradoras y socializadoras de las instituciones de este espacio. Para ello, en esta investigación se examina en primer lugar las fuentes biográficas del aislamiento de esos “aislados” y lo que la vida ha hecho de ellos antes de su entrada al GEM. Posteriormente, la observación y la escucha de estos “aislados” muestran cómo pueden interactuar las luchas individuales y colectivas contra las soledades. A falta de (re)socializar a los individuos de tal manera que sus prácticas en el mundo social dejen definitivamente de conducirlos hacia las despreciadas soledades, estas interacciones ofrecen a los “aislados” modos de integración social, de otra forma inaccesibles. Reveladoras de los poderes desiguales de las instituciones para formar y transformar a los individuos, estas luchas no son tanto las generadores de nuevas disposiciones que permitan una “vida normal” sino más bien las garantes del mantenimiento en alerta de una disposición de vida, aun cuando esta existencia esté desfasada de las normas dominantes.

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