Entre décharge participative et État développeur : des élites rurales marocaines en quête de légitimité

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2019

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Revue Gouvernance ; vol. 16 no. 1 (2019)

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Pierre-Louis Mayaux et al., « Entre décharge participative et État développeur : des élites rurales marocaines en quête de légitimité », Revue Gouvernance, ID : 10.7202/1063719ar


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Cet article interroge la capacité des associations marocaines d’irrigants (AUEA) à renforcer la position sociale et politique locale de leurs dirigeants. Il se demande, en particulier, dans quelle mesure le leadership associatif confère aux dirigeants une légitimité procédurale particulière (throughput), fondée sur leur élection et sur leur capacité à représenter un collectif; en même temps qu’une légitimité par les résultats (outputs) liée à leur gestion efficace d’un service collectif très valorisé. Pour l’évaluer, nous étudions le processus d’aménagement, toujours en cours, d’un périmètre irrigué de taille réduire (300 hectares) situé dans l’arrière-pays de Casablanca. Le projet semble en effet propice à cette double légitimation : d’une part, l’association d’irrigants est l’une des rares de la région, ce qui pourrait offrir à ses dirigeants une légitimité procédurale distinctive; d’autre part, leur légitimité par les résultats pourrait être soutenue par le caractère innovant du projet, l’eau d’irrigation provenant d’une station de traitement des eaux usées urbaines. Malgré ces conditions favorables, nous montrons que les dirigeants associatifs ont plutôt vu jusqu’à présent leur légitimité fragilisée, tant du fait de la forte hétérogénéité du collectif à représenter que des multiples délais entourant la fourniture du service. Au-delà de facteurs circonstanciels, nous pointons une cause structurelle à ces difficultés : la désarticulation entre un processus ancien de décharge participative, qui se poursuit, et la réaffirmation actuelle d’un État développeur qui centralise les décisions et concentre les ressources.

This article probes the capacity of the water user associations in Morocco (AUEA) to strengthen the social and political positions of their leaders. More specifically, it asks whether these leaders thereby gain a new throughput legitimacy, based on election and the claim to represent a group; and an output legitimacy rooted in the regular delivery of a valuable service. To assess it, we study the – still ongoing-planning process of a small irrigated area (300 ha) located nearby Casablanca. At first glance, the project seems conducive to both types of legitimization. Because it is one of the only water user associations in the region, it can plausibly offer its directors a distinctive throughput legitimacy; while their output legitimacy might be enhanced by a project that is technologically innovative, as the water comes from a wastewater treatment plant. Despite these auspicious conditions, we show that the directors have seen their legitimacy weakened, both because of the deep social divisions within the group they must represent, and of the multiple delays surrounding the service delivery. Beyond circumstantial explanations, we identify a structural cause to these difficulties: the tension between a logic of participatory offloading by the Moroccan State, and the simultaneous reassertion of a developmental State that centralizes decisions and concentrates resources.

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