2017
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Intersections : Canadian Journal of Music ; vol. 37 no. 2 (2017)
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Martin Desjardins, « Le geste sonore comme objet d’analyse pour observer les pratiques musicales distinctives d’improvisateurs jazz », Intersections: Canadian Journal of Music / Intersections: Revue canadienne de musique, ID : 10.7202/1066617ar
Outre le choix des notes, qui est prescrit par notre tradition commune, qu’est-ce qui distingue une ou un improvisateur jazz d’une ou un autre ? Qu’est-ce qui constitue leur « son », leur « signature » ? Les méthodes d’analyses plus traditionnelles n’étant pas suffisantes pour circonscrire l’entièreté de l’expression contenue dans l’improvisation jazz, nous devons nous tourner vers l’étude d’enregistrements de solos improvisés afin d’examiner l’aspect « performanciel » de la musique, c’est-à-dire les éléments liés à la production du son par l’instrumentiste. Cependant, l’oreille pouvant omettre certains éléments au profit d’autres, nous avons adapté un modèle d’analyse par spectrogramme utilisé pour l’analyse du chant en musique populaire. En combinant le visuel à l’auditif, ce modèle permet d’effectuer un inventaire plus exhaustif des « gestes sonores » contenus dans les improvisations, c’est-à-dire toutes manifestations sonores produites par des gestes instrumentaux effectués au sein d’un processus musical. À travers un projet de recherche-création, une méthode autoethnographique a permis de distinguer des gestes sonores dans mes propres improvisations et ainsi de les comparer avec celles du saxophoniste de réputation internationale Chris Potter. Les analyses distinguent cinq gestes sonores, subtils mais distinctifs, observés à partir des micro-variations de hauteurs lors de l’attaque ou le déclin de certaines notes, de l’utilisation particulière de sons multiphoniques, du vibrato, des jeux de dynamiques et de bruits de clés.