Les majorités nationales ont-elles une couleur ? Réflexions sur l’utilité de la catégorie de « blanchité » pour la sociologie du racisme

Fiche du document

Auteur
Date

2018

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Relations

Ce document est lié à :
Sociologie et sociétés ; vol. 50 no. 2 (2018)

Collection

Erudit

Organisation

Consortium Érudit

Licence

Tous droits réservés © Les Presses de l’Université de Montréal, 2019




Citer ce document

Paul Eid, « Les majorités nationales ont-elles une couleur ? Réflexions sur l’utilité de la catégorie de « blanchité » pour la sociologie du racisme », Sociologie et sociétés, ID : 10.7202/1066816ar


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr En Es

J’examine ici la pertinence de la catégorie de « blanchité » pour l’analyse du racisme en Occident. Cette catégorie, travaillée par les Whiteness Studies, a l’avantage de rendre visibles les mécanismes systémiques garantissant aux « BlancHEs » un accès privilégié au pouvoir et aux ressources. Je ferai valoir notamment que les vives résistances suscitées au Québec par la notion de racisme systémique fut un révélateur d’une certaine « fragilité blanche » qui se manifeste, typiquement, lorsque le rôle et les intérêts des « racisantEs » dans la reproduction des rapports sociaux de « race » sont nommés et rendus visibles. Toutefois, aussi utile soit-il pour l’étude du racisme, l’usage sociologique de la notion de blanchité commande certaines précautions, afin de la complexifier et de la dégager des cadres essentialisants à travers lesquels elle est encore trop souvent appréhendée au sein des Whiteness Studies. Je soutiendrai en outre qu’on ne peut penser la blanchité sans réfléchir conjointement au processus de construction de la nation et de ses étrangers intérieurs. Par ailleurs, l’expérience de la blanchité varie en fonction des rapports mutuellement structurants entre la « race » et d’autres facteurs de différenciation sociale (ex. : genre, classe).

This paper examines the relevance of the category of whiteness to the sociology of racism in the West. This category, derived from Whiteness Studies, has the advantage of shedding light on the systemic mechanisms affording White people a privileged access to power and resources. I argue that the staunch opposition generated by the notion of systemic racism in Quebec points to a certain “White fragility”, the latter being typically activated when the part played by, and the interests of, “racializing” groups in the reproduction of race-based relations are named and made visible. However, no matter how valuable the notion of Whiteness is to the study of racism, it should be used with caution so as to avoid the essentializing and oversimplifying frameworks through which it is too often understood. Among other things, I argue that Whiteness cannot be properly grasped without reflecting simultaneously on how this category is closely intertwined with the process whereby the nation and its internal outsiders are socially produced. It is also pointed out that the experience of Whiteness varies depending on how “race” and other socially differentiating categories such as class and gender interact with each other.

Aquí examino la pertinencia de la categoría “blanquitud” para el análisis del racismo en Occidente. Esta categoría, trabajada en los Whiteness Studies (estudios acerca de la blanquitud), tiene la ventaja de hacer visibles los mecanismos sistémicos que garantizan a las personas “blancas” un acceso privilegiado al poder y a los recursos. Sostendré en particular que las serias resistencias suscitadas en Quebec por la noción de racismo sistémico fueron reveladoras de cierta “fragilidad blanca”, manifiesta típicamente cuando el papel y los intereses de las personas “blancas” en la reproducción de las relaciones sociales de “raza”, son nombrados y visibilizados. Sin embargo, por útil que sea para el estudio del racismo, el uso sociológico de la noción de blanquitud exige algunas precauciones, a fin de hacerla más compleja y distanciarla de marcos esencializantes a través de los cuales es demasiado a menudo aprehendida al interior de los Whiteness Studies. Aquí sostengo además que no es posible pensar la blanquitud sin reflexionar conjuntamente en el proceso de construcción de la nación y de sus extranjeros interiores. Por otra parte, la experiencia de la blanquitud varía en función de las relaciones mutuamente estructurantes entre la “raza” y otros factores de diferenciación social (p. ej. : el género, la clase).

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en