2019
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Mémoires du livre ; vol. 11 no. 1 (2019)
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David Martens, « Un mode de signature minoritaire : Pseudonymie et différences sexuelles (George Sand & Marie d’Agoult / Prosper Mérimée & Pierre Louÿs) », Mémoires du livre / Studies in Book Culture, ID : 10.7202/1066944ar
Lorsque les écrivains adoptent un pseudonyme, ils peuvent parfaitement altérer les marqueurs identitaires affichés par leur nom, qu’il s’agisse de leur origine culturelle, de leur classe sociale ou encore de leur genre. Nombre de femmes se sont ainsi choisi des pseudonymes masculins, tandis que certains hommes ont signé de noms féminins. Ces formules diffèrent sensiblement, non seulement dans leurs enjeux, mais aussi dans leurs formes, notamment lorsqu’elles constituent une manière d’entrer en littérature. Alors que les noms de plume d’autrices telles que Daniel Stern (Marie d’Agoult) et George Sand sont rapidement connus comme tels, et utilisés durablement, des écrivains comme Prosper Mérimée et Pierre Louÿs retiennent plutôt la formule de l’hétéronyme (Clara Gazul et Bilitis), pour une seule oeuvre. Cette disparité des finalités et des moyens s’accuse dans un trait pourtant commun : dans ces différents cas de figure, le processus de reconnaissance du monde lettré et d’avènement à la publication en passe par une figure masculine, fictive ou non, qui parraine l’entrée dans le champ littéraire.