2018
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Eurostudia ; vol. 13 no. 1-2 (2018-2019)
Tous droits réservés © Le Centre canadien d’études allemandes et européennes, 2019
Robert Dion, « Roman à clés et écriture du réel : La constellation du Lynx de Louis Hamelin et Forêt contraire d’Hélène Frédérick », Eurostudia, ID : 10.7202/1067288ar
Le roman à clés a mauvaise presse. Pourtant, il a innervé, tout au long du XXe siècle, des livres fondamentaux comme À la Recherche du temps perdu de Marcel Proust ou certains romans de James Joyce et de Virginia Woolf. Plus largement, de nombreux romans contemporains ont recours à des dispositifs de « floutage » pour faire entrer le réel, et plus particulièrement les personnes réelles, dans la fiction. Ainsi l’enjeu, dans les deux romans québécois qui se voient analysés dans cet article, consiste à trouver une autre manière d’inscrire le réel dans la fiction. Les exemples de « réticences » et d’hésitations vis-à-vis du nom propre correspondent ici à des stratégies diverses d’appréhension de l’histoire ou du rapport intime entre les êtres, qui commandent certes des détours mais qui, en même temps, exigent une certaine transparence de la référence pour laisser percevoir un poids de réalité garant d’une authenticité dont les lecteurs d’aujourd’hui auraient, dit-on, une insatiable faim. Ces stratégies, on le verra, invitent à revoir les rapports entre le réel et la fiction, à remettre en cause les frontières censées les cloisonner.