2019
Ce document est lié à :
Sens public ; vol. no. (2019)
Creative Commons Attribution-ShareAlike 4.0 International (CC BY-SA 4.0)Sens Public, 2019
Flora Amann, « L’histoire des sourds et la notion de perfectibilité : Rousseau et Pereire », Sens public, ID : 10.7202/1067457ar
Discrètes et dispersées dans son œuvre, les références aux travaux du premier instituteur des sourds, Jacob Rodrigue Pereire, n’en interrogent pas moins des enjeux importants de la pensée de Rousseau. Jusqu’ici, l’histoire des sourds les a pourtant négligées, se concentrant sur la notion de perfectibilité, non sans contresens. Des études récentes assimilent ainsi la notion de perfectibilité à une « idéologie du progrès », socle conceptuel des méthodes pédago-curatives du XIXe siècle qui présentaient la parole comme une façon pour les sourds de se perfectionner. L’objectif de cet article est de discuter ce lieu commun en se penchant sur la référence aux « muets du sieur Pereire » dans l’Essai sur l’origine des langues et sur ses liens avec la notion de perfectibilité. On verra que Rousseau utilise le cas de la surdité comme une preuve linguistique et anthropologique de la capacité de l’homme à évoluer en bien ou en mal.