Représentations du tatouage : le paradoxe de la différenciation et de l’assimilation

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2019

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Nouvelles perspectives en sciences sociales ; vol. 15 no. 1 (2019)

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Mélanie Girard et al., « Représentations du tatouage : le paradoxe de la différenciation et de l’assimilation », Nouvelles perspectives en sciences sociales: Revue internationale de systémique complexe et d'études relationnelles, ID : 10.7202/1068181ar


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La technique du tatouage serait, en principe, aussi vielle que l’humain. Réservée à peu près exclusivement aux sous-cultures de la déviance pendant la majeure partie du XIXe siècle, on voit s’étendre son usage, en Occident, depuis les années 1980, 1990, période pendant laquelle on assiste à une expansion des modifications corporelles en général. La question se pose donc de savoir comment expliquer cet engouement récent pour les bodmods dont, au premier chef, le tatouage. Dans ce texte, nous soutenons, d’une part, que sa montée en popularité peut s’expliquer par une épistémè qui prend racine dans quatre phénomènes distincts, mais interreliés : le rapport à l’espace qui se noue dans les années d’après la première guerre et qui se cristallise en 1969 avec les premiers pas sur la lune ; la montée en puissance des super héros, portés par des plateformes comme Marvel Comics et DC Comics ; la révolution sexuelle et le mouvement hippie qui en est le corollaire ; l’apparition d’internet et des réseaux sociaux en particulier. Nous avançons, d’autre part, que le fait de se faire tatouer ne peut être qu’un geste à la fois individuel et collectif, qu’en se singularisant, on intègre forcément une communauté, les sociétés humaines ne pouvant se construire que sur une logique du paradoxe, d’une tension nécessaire entre homogénéité et différenciation. À travers les données tirées d’une enquête franco-canadienne et en distinguant entre personnes non tatouées, peu tatouées et très tatouées, nous démontrons que, bien que la dimension artistique soit plus présente dans le discours français et la dimension symbolique, plus caractéristique du propos canadien, le tatouage éveille globalement, chez les individus interrogés, des référents liés à sa dimension artistique et esthétique, à la santé et au fait qu’il amène à transgresser des normes et à repousser ses limites physiques et psychologiques. Le tatouage apparaît ainsi comme un processus individuel qui inscrit dans le collectif, le rapport au collectif étant tantôt extérieur, tantôt secondaire, tantôt implicite, tributaire qu’il est du fait que l’on soit plus ou moins tatoué.

Tattoos, it would seem, are as old as humankind. Although they were mainly used and displayed by members of deviant subcultures throughout most of the nineteenth century, the 1980’s and 1990’s have given way to a rise in body modifications in general, and tattoos in particular. The question arises as to how we can begin to explain this craze for tattoos in the Western world. In this paper, we suggest that this newly constructed infatuation is the product of an episteme which is built on four century-defining, distinct, all the while interrelated, phenomena: the Space Odyssey, the rise of Superheroes and Comic Books, the sexual revolution and the emergence of the internet in general and of social networks in particular. We also argue that the act of getting tattooed is necessarily both individual and collective: by differentiating oneself through the use of tattoos, one joins a collective or community. This reminds us that human societies are paradoxical in nature, their components constantly evolving between homogeneity and differentiation. Through the study of a Franco-Canadian sample divided into three separate groups – not tattooed, somewhat tattooed, very tattooed – we show that tattoos evoke arts, esthetics and health as well as the transgression of social norms and the extension of physical and psychological limits in all groups within both countries, although the French sample is more defined by art and the Canadian sample, by symbols. The marking of the body with ink thus appears as a collectively inscribed individual process in which the collective is either outside of, secondary to, or implicitly part of oneself, depending on the category with which we identify.

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