La Commission de vérité et réconciliation du Canada : une étude de la sublimation de la violence coloniale canadienne

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2018

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Revue québécoise de droit international ; vol. 31 no. 2 (2018)

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Justine Monette-Tremblay, « La Commission de vérité et réconciliation du Canada : une étude de la sublimation de la violence coloniale canadienne », Revue québécoise de droit international / Quebec Journal of International Law / Revista quebequense de derecho internacional, ID : 10.7202/1068666ar


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Pendant plus de cent soixante ans, des centaines de milliers d’enfants issues des Premières Nations, Inuits et Métis ont été envoyés dans des pensionnats mis en place par le gouvernement canadien et administrés par différentes institutions religieuses. Ce système de pensionnat est aujourd’hui reconnu comme s’inscrivant plus largement dans le cadre d’un génocide culturel, définit comme étant la « destruction des structures et des pratiques qui permettent au groupe de continuer à vivre en tant que groupe ». En 2015, la Commission de vérité et réconciliation du Canada a été mise en place avec l’objectif de documenter les expériences vécues dans ces pensionnats afin d’établir la « vérité historique » et d’amorcer le processus de réconciliation. Cette étude vise à déterminer l’impact de cette commission sur la réconciliation entre les populations autochtones et non-autochtones du Canada. À travers une analyse des différents degrés de la violence, il est apparu que cette commission avait échoué à contribuer effectivement à ce processus de réconciliation puisqu’elle a adopté une conception de celle-ci qui vient plutôt renforcer la colonialité du pouvoir, principale source de la violence. En effet, le modèle de cette commission vient placer la responsabilité de la réconciliation dans le pardon individuel des survivants et des survivantes des pensionnats, dans l’espoir d’éviter le nécessaire processus décolonial et la restitution des territoires. Dans ces circonstances, la réconciliation est privée de son potentiel décolonial et vise plutôt à réconcilier les populations autochtones avec le colonialisme.

For more than 160 years, hundreds of thousands of First Nations, Inuit and Métis children were sent to residential schools administered by the Canadian government and various religious institutions. The residential school system is today recognized as a part of the cultural genocide, defined as the “destruction of structures and practices that allow the group to continue to live as a group.” In 2015, the Truth and Reconciliation Commission of Canada was established with the mandate of documenting the residential school students’ experiences in order to establish the “historical truth” and begin the reconciliation process. This study aims to determine the impact of this commission on reconciliation between Aboriginal and non-Aboriginal populations in Canada. Through an analysis of the different degrees of violence, it appeared that this commission had failed to effectively contribute to this process of reconciliation. It has adopted a conception of reconciliation that rather reinforces the coloniality of power, the main source of violence. Indeed, this commission places the responsibility for reconciliation in the individual forgiveness of residential schools survivors instead of in the necessary decolonial process and territories restitution. In these circumstances, reconciliation is deprived of its decolonial potential and aims rather at reconciling Indigenous peoples with colonialism.

Durante más de ciento sesenta años, cientos de miles de niños de las Primeras Naciones, Inuit y Métis fueron enviados a internados establecidos por el gobierno canadiense y administrados por varias instituciones religiosas. Hoy, se reconoce que este sistema escolar residencial hizo parte de un genocidio cultural, definido como la “destrucción de estructuras y prácticas que permiten que un grupo continúe viviendo como grupo”. En 2015, se estableció la Comisión de Verdad y Reconciliación de Canadá con el objetivo de documentar las experiencias de estas escuelas residenciales y así establecer la “verdad histórica” y comenzar el proceso de reconciliación. Este estudio tiene como objetivo determinar el impacto de esta comisión en la reconciliación de las poblaciones aborígenes y no aborígenes en Canadá. A través de un análisis de los diferentes grados de violencia, se considera que esta comisión no contribuye efectivamente al proceso de reconciliación ya que adopta una concepción de la misma que refuerza el aspecto colonial del poder, la principal fuente de la violencia. De hecho, el modelo de esta comisión sitúa la responsabilidad de la reconciliación en el perdón individual de los y las sobrevivientes de las escuelas residenciales, evitando así el necesario proceso de descolonización y la restitución de territorios. En estas circunstancias, la reconciliación se ve privada de su potencial descolonizador y tiene más bien como objetivo reconciliar a los pueblos indígenas con el colonialismo.

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