2019
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TTR : Traduction, terminologie, rédaction ; vol. 32 no. 2 (2019)
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Arianna Dagnino, « Breaking the Linguistic Minority Complex through Creative Writing and Self-Translation », TTR: Traduction, terminologie, rédaction, ID : 10.7202/1068905ar
Une langue minoritaire peut se définir de façon générale comme une langue parlée par moins de 50 % de la population d’une région, d’un État ou d’un pays donné (Grenoble et Singerman, 2017, n.p.). Dans le présent article, je propose une définition plus contextualisée qui s’applique au domaine de la création littéraire et de l’autotraduction. Je considère ainsi une langue comme étant minoritaire lorsqu’un écrivain bilingue ou plurilingue la perçoit comme n’étant pas la langue dominante dans le contexte socioculturel et linguistique dans lequel il est actif en tant qu’auteur et (auto)traducteur. En prenant comme point de départ cette définition alternative, je traite de la pratique créative et autotraductive de l’écrivain canadien Antonio D’Alfonso. D’Alfonso est l’un des rares écrivains plurilingues qui se sentent défamiliarisés linguistiquement. Il affirme qu’au lieu d’avoir une langue maternelle il dispose d’un bagage mixte de dialecte molisano, de français, d’anglais et d’italien. Ainsi, il a tendance à écrire, à penser et à (auto-)traduire en étant immergé dans une sorte de paysage linguistique en 3D (voire en 4D) (Pivato, 2002). Vues sous cet angle, ses autotraductions du français vers l’anglais ou inversement témoignent de la façon expérimentale avec laquelle il remet en question la « soumission brute » (Whyte, 2002, p. 69) d’une langue sur une autre et surmonte tout complexe linguistique minoritaire qu’il aurait pu développer dans son parcours pour devenir un écrivain linguistiquement déraciné.