2020
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Revue musicale OICRM ; vol. 7 no. 1 (2020)
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Aurore Flamion, « Rester en retrait de l’espace médiatique. Le cas Schreker », Revue musicale OICRM, ID : 10.7202/1069472ar
Principalement connu pour ses opéras, le compositeur Franz Schreker (1878-1934) connaît une trajectoire des plus étonnantes : si ses premiers opéras sont salués par la presse, il subit rapidement le feu de critiques extrêmement diverses. Outre les arguments ad personam – il est issu d’une famille juive –, la presse s’empare de réseaux sémantiques qui étayent cet antisémitisme : ceux de la décadence et de la dégénérescence. Particulièrement féconds dans la presse germanique des années 1918-1921, ces termes ne semblent pas susciter de réponse de Schreker, qui préfère publier ses essais esthétiques dans les Musikblätter des Anbruch, jeune journal qu’il se sait acquis. Le compositeur se tient loin des polémiques : politique ou esthétique, aucune ne suscite de véritable réponse. Définissant sa démarche compositionnelle dans un nombre restreint d’articles publiés dans les Musikblätter des Anbruch, Schreker semble en effet évacuer toute référence aux termes concentrant la polémique : décadence, dégénérescence, impressionnisme et expressionnisme.