2019
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Journal of the Canadian Historical Association ; vol. 30 no. 1 (2019)
All Rights Reserved © The Canadian Historical Association / La Société historique du Canada, 2019
Edward Halley Barnet, « A Perfect Fifth of Blue and Red: Enlightened Harmonies of the Senses », Journal of the Canadian Historical Association / Revue de la Société historique du Canada, ID : 10.7202/1070634ar
Dans cet article, j’utilise la tentative de Louis-Bertrand Castel de créer une musique de couleurs comme fenêtre sur les débats du XVIIIe siècle au sujet de l’interrelation entre la physique, la physiologie et l’expérience sensorielle. Dans la première partie, je me penche ainsi sur l’idée de Castel qui proposait de créer , en 1725, un « clavecin oculaire » - un instrument de musique conçu pour jouer de la couleur plutôt que du son. Je soutiens que la notion de Castel s’appuyait sur la théorie de la musique contemporaine, l’optique et la neurophysiologie. Dans la deuxième partie, j’examine les tentatives de Castel de justifier sa nouvelle musique à titre expérimental. Bien que ses prétendues démonstrations soient devenues plus éclectiques, les principes théoriques fondamentaux de sa musique optique sont demeurés les mêmes. Dans la troisième partie, j’aborde ce qui aurait dû être le triomphe de la carrière de Castel : sa création d’un clavecin partiellement fonctionnel en 1755, ainsi que la publication de deux propositions pour d’autres musiques sensorielles en 1753 et 1755. L’échec apparent de l’idée de Castel met en évidence les limites — théoriques, expérimentales, esthétiques — de sa proposition originale. En même temps, leur pouvoir d’inspiration durable témoigne de l’attrait de la musique comme cadre explicatif, englobant à la fois l’art et la science, le corps et l’esprit.