Le droit issu de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires et les sociétés africaines : regard critique sur une illustration du déni de l’essence culturelle du droit

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2020

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Les Cahiers de droit ; vol. 61 no. 3 (2020)

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Vicaire Bepyassi Ouafo, « Le droit issu de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires et les sociétés africaines : regard critique sur une illustration du déni de l’essence culturelle du droit », Les Cahiers de droit, ID : 10.7202/1071388ar


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Le droit originaire du traité de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA), applicable au sein des sociétés africaines de cet espace, manifeste actuellement des pesanteurs liées à son enracinement culturel non africain. En effet, les sociétés africaines signataires dudit traité ont décidé en 1993 d’élaborer un droit commun des affaires simple, moderne et adapté pour faciliter le développement de leurs économies. Elles ont, à ce jour, adopté dix actes uniformes qui régulent certains domaines des affaires en vue de réaliser la croissance économique prévue dans le traité. Cependant, la démarche empruntée à cet effet est confuse. D’une part, l’option pour l’uniformisation, au mépris de l’harmonisation attendue des phénomènes culturels africains, et, d’autre part, la transposition dans les sociétés africaines des modèles juridiques occidentaux, notamment les pratiques du droit international, amènent à douter de l’inspiration africaine du droit de l’OHADA. Un quart de siècle après, son bilan n’est pas flatteur et ne permet pas de préjuger de la satisfaction des objectifs du traité. En outre, la révision du traité à Québec en 2008 pour un meilleur ancrage culturel africain de ses normes révèle indubitablement l’intérêt d’asseoir l’essence culturelle du droit. Le texte qui suit démontre que le droit de l’OHADA, en vigueur dans quelques sociétés africaines, n’est pas un droit africain en ce qu’il n’est pas le miroir des réalités sociétales et culturelles immanentes à celles-ci. Les identités culturelles enchâssées dans la loi assurent son efficacité dans la perspective de promouvoir les objectifs sociétaux. Or, les déconvenues des politiques économiques et les résultats socioéconomiques décevants parmi les sociétés africaines de l’OHADA obligent à remettre en question son identité culturelle. En réalité, il demeure vigoureusement un droit international des affaires applicable aux sociétés africaines.

The substantive law issued from the treaty of the Organization for the Harmonization of Business Law in Africa, (known under the French acronym OHADA), is showing strain because of its non-African cultural roots. The African societies that signed the treaty in 1993 wished to develop a shared system of business law that was simple, modern and appropriate, with the objective of fostering economic development in the Member States. To date, OHADA includes ten Uniform Acts that regulate certain areas of business in keeping with this objective. However, the approach to achieving this objective has been incoherent. In hoping for harmonization of African cultures and in transposing Western legal models and practices onto African entities, this uniformity raises doubts about the African basis of OHADA law. A quarter century after it was signed, the treaty’s results have been less than flattering, and its objectives have not been achieved. Moreover, the 2008 Quebec City amendment of the treaty to better anchor it in African culture demonstrates the interest in establishing the cultural underpinnings of law.This paper demonstrates that OHADA law is not African law. It does not reflect the inherent societal and cultural realities of the region to which it applies. When cultural identity is embedded in law, the law can more effectively further societal goals. The disappointing economic policies and socio-economic results under OHADA raise important questions about the treaty’s cultural identity. In reality, OHADA is an international private business law used in African countries.

El derecho originario del tratado de la Organización para la Armonización del Derecho Mercantil en África (OHADA) que se aplica en el seno de las sociedades africanas de este espacio manifesta actualmente gravedades vinculadas con su arraigo cultural no africano. En efecto, las sociedades africanas firmantes de dicho tratado han decidido en 1993 crear un derecho mercantil común, simple, moderno, adaptado y destinado a facilitar el desarrollo de sus economías. Hasta ahora se han adoptado diez Actas uniformes que regulan algunos sectores de negocios, con el objetivo de alcanzar el crecimiento económico previsto en el tratado. Sin embargo, el enfoque que ha sido tomado para ello resulta confuso. Por una parte, la opción de la estandarización en detrimento de la armonización esperada por los fenómenos culturales africanos ; y por otra parte, la transposición en el seno de las sociedades africanas de los modelos jurídicos occidentales, particularmente las prácticas del derecho internacional han conllevado a dudar de la inspiración africana del derecho de la OHADA. Un cuarto de siglo más tarde el balance no es halagador y no permite prejuzgar sobre la satisfacción de los objetivos del tratado. También la revisión del tratado llevada a cabo en Quebec en el año 2008 con vistas a conseguir una mejor afirmación cultural africana de sus normas revela sin duda alguna el interés de afianzar la esencia cultural del derecho.Este artículo demuestra que el derecho de la OHADA, en vigencia en algunas sociedades africanas no es un derecho africano, pues no es el reflejo de las realidades societales y culturales inmanentes de éstas. Las identidades culturales incorporadas en la ley aseguran su eficacia en la perspectiva de promover los objetivos societales. Ahora bien, las contrariedades de las políticas económicas y los resultados socioeconómicos decepcionantes en el seno de las sociedades africanas de la OHADA han obligado a cuestionar su identidad cultural y sigue siendo enérgicamente un derecho internacional mercantil privado que se aplica a las sociedades africanas.

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