VILLES DÉTRUITES, ESPOIRS RUINÉS : Lecture du vivre-ensemble dans trois romans québécois contemporains

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2020

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Voix et Images ; vol. 46 no. 1 (2020)

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Cet article porte sur la ruine du vivre-ensemble dans trois romans québécois qui déjouent les conventions du réalisme littéraire. Oscar De Profundis de Catherine Mavrikakis (2016), Le poids de la neige de Christian Guay-Poliquin (2016) et Tu aimeras ce que tu as tué de Kevin Lambert (2017) ancrent leurs personnages dans des lieux ruinés et mortifères où le vivre-ensemble emprunte une forme spectrale relevant d’une mythologie d’un autre temps. Les gueux du Montréal postapocalyptique de Mavrikakis et les habitants du village enneigé de Guay-Poliquin, s’ils se rassemblent et unissent temporairement leurs forces, le font sous l’influence de jeux d’alliances opportunistes, voués non pas à la défense d’un projet social, mais bien à la survie de quelques individus triés sur le volet. Dans le roman de Kevin Lambert, les lieux urbains sont transfigurés, transformés en pièges parfois mortels, coupables d’infanticides qui illustrent de manière radicale la ruine des solidarités communautaires. Je m’attacherai en somme à la manière dont les lieux romanesques font signe vers les ruines d’un certain idéal, voire d’un fantasme politique, « marqué lui-même par un certain usage du temps, l’usage de la promesse » (Rancière, Aux bords du politique, p. 23).

This article looks at the collapse of vivre-ensemble, “living together,” in three Québec novels that sidestep the conventions of literary realism. Oscar De Profundis by Catherine Mavrikakis (2016), Le poids de la neige by Christian Guay-Poliquin (2016) and Tu aimeras ce que tu as tué by Kevin Lambert (2017) anchor their characters in ruined and death-dealing locations where coexistence takes on a spectral form related to the mythology of another era. The marginalized characters of Mavrikakis’s post-apocalyptic Montréal and the inhabitants of Guay-Poliquin’s snowy village may come together and temporarily join forces, but they do so under the influence of opportunistic alliances aimed not at defending a social project, but at ensuring the survival of a few selected individuals. In Kevin Lambert’s novel, transfigured urban sites are made into sometimes deadly traps; guilty of infanticide, they radically illustrate the ruin of community solidarities. In short, I focus on the way in which places in the novels indicate the ruins of an ideal, or perhaps of a political fantasy “marked itself by a certain use of time, the use of the promise” (Rancière, Aux bords du politique, p. 23).

Este artículo trata sobre la ruina de la convivencia en tres novelas quebequenses que desbaratan las convenciones del realismo literario. Oscar De Profundis, de Catherine Mavrikakis (2016), Le poids de la neige (El peso de la nieve), de Christian Guay-Poliquin (2016), y Tu aimeras ce que tu as tué (Amarás lo que mataste), de Kevin Lambert (2017) anclan a sus personajes en lugares arruinados y mortíferos donde la convivencia adopta una forma espectral que pertenece a una mitología de otra época. Los vagabundos del Montreal pos-apocalíptico de Mavrikakis y los habitantes del pueblo nevado de Guay-Poliquin, si bien se parecen y unen temporalmente sus fuerzas, lo hacen bajo la influencia de juegos de alianzas oportunistas, destinados no a la defensa de un proyecto social, sino más bien a la supervivencia de algunos individuos escogidos con cuidado. En la novela de Kevin Lambert, los lugares urbanos están transfigurados, transformados en trampas a veces mortales, culpables de infanticidios que ilustran de forma radical la ruina de las solidaridades comunitarias. En resumen, me limitaré a la manera en que los lugares novelescos se dirigen hacia las ruinas de cierto ideal, incluso de un fantasma político, “también caracterizado por cierto uso del tiempo, el uso de la promesa” (Rancière, Aux bords du politique, p. 23).

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