L’INÉGALITÉ EST-ELLE INJUSTE ? LES RICHES, LES PAUVRES, L’INCITATION AU TRAVAIL ET L’ENVIE

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2020

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Les ateliers de l'éthique ; vol. 15 no. 1-2 (2020)

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© Centre de recherche en éthique de l’Université de Montréal, 2021

Résumé Fr En

Il existe un important argument en faveur des inégalités de richesse, à savoir « l’argument de l’incitation au travail ». Selon cet argument, les inégalités sont justes car elles motivent les riches à travailler davantage, ce qui augmente la richesse collective et améliore le sort des plus démunis – par l’investissement, l’épargne et la redistribution. Cet argument est problématique car il existe un argument parfaitement similaire qui peut être utilisé pour critiquer les inégalités. Il s’agit de « l’argument de l’envie ». Selon cet argument, les inégalités sont injustes car elles motivent les plus démunis à nuire aux intérêts des plus riches, ce qui détériore la situation économique collective. La similitude des deux arguments a pour conséquence que, si les partisans des inégalités veulent utiliser l’argument de l’incitation au travail en faveur de leur position, ils sont contraints d’admettre simultanément l’argument de l’envie à l’encontre de leur position. Pour sortir de cette situation difficile, les anti-égalitaristes avancent plusieurs arguments pour montrer que l’envie des pauvres et le besoin d’incitation au travail des riches doivent être traités différemment. Dans cet article, nous soutenons, contre les anti-égalitaristes, qu’il n’existe aucune raison de traiter différemment l’envie et le besoin d’incitation au travail.

There is an important argument in favor of wealth inequalities, namely the “incentives argument”. According to this argument, inequalities are legitimate because they motivate advantaged people to work more, which in turn increases society’s wealth and improve the situation of the worst-off –through investment, saving, and redistribution. This argument faces a difficulty because there is a perfectly similar argument that can be used to criticize inequalities, namely the “envy argument”. According to this argument, big inequalities are unjust because they motivate the worst-off to harm the better-off, which in turn harms the economic situation of all. The similarity between the two arguments implies that, if advocates of inequality want to use the “incentives argument” to defend their position, they are forced to accept also the envy argument against their own position. To get out of this difficult situation, anti-equalitarians put forward various arguments to show that envy and motivation to work must be treated differently. In this article, we argue, against anti-equalitarians, that there is no good reason to treat envy and the need for incentives differently.

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