Une brèche dans la culture, d’un bord à l’autre. Témoigner et recevoir le témoignage de la disparition forcée

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2011

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Alterstice : Revue internationale de la recherche interculturelle ; vol. 1 no. 2 (2011)

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© AliceVerstraeten, 2011




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Alice Verstraeten, « Une brèche dans la culture, d’un bord à l’autre. Témoigner et recevoir le témoignage de la disparition forcée », Alterstice: Revue internationale de la recherche interculturelle / Alterstice: International Journal of Intercultural Research / Alterstice: Revista International de la Investigacion Intercultural, ID : 10.7202/1077604ar


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À l’origine des « Mères de la Place de Mai » et de leur réseau militant se trouve la disparition forcée : une indicible rupture de tous les tabous. Les crimes d’enlèvement, torture et assassinat, puis l’acharnement à faire disparaître les corps sont occultés par le déni, le mensonge et l’impunité.Les « Mères de la Place de Mai » sont néanmoins parvenues à résister : elles ont propulsé leurs témoignages dans l’espace public, elles ont rendu visibles les crimes contre l’intimité pour parvenir à dénoncer le crime contre l’humanité. Le témoignage se trouve au coeur de leur résistance, et il doit composer avec la violence. Se taire est moralement et psychiquement impossible, mais dire est impossible aussi. Les témoins apparaissent transis d’impuissance ainsi que d’un fort sentiment d’illégitimité (les vraies victimes – témoins les plus complets – étant mortes).Le témoignage, mis en réseau, apparaît comme une réinitialisation du lien social. Mais il continue de souffrir de la défaillance de ses interlocuteurs. Personnalités clivées, stigmates de la mort du social, les témoins, en nous parlant de l’horreur, la font advenir dans nos consciences. Le témoignage est alors empêché non seulement par les bourreaux, mais aussi par la foule de ceux qui préfèrent ne pas voir et ne pas savoir. Il bute contre l’indicible et l’irreprésentable.Entendre un témoignage de la disparition, c’est se laisser heurter par elle, c’est être ni bourreau ni neutre. C’est être empathique. C’est ainsi que, anthropologue, j’ai abordé la Place de Mai. Alors seulement, par un partage du sens, émerge la possibilité d’une culture commune entre les témoins et ceux qui les écoutent. Le témoignage est ici compris comme transculturel au sens où il ne peut naître qu’au coeur d’une médiation. Les uns remontent de la violence extrême décivilisatrice et indicible vers la parole, les autres marquent une inflexion depuis la culture vers la réification des mots, l’aporie, l’asphyxie (depuis l’endroit du décor vers son envers qui lui est indissociable).

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