L’arrêt Vavilov : à la recherche de l’équilibre perdu entre la primauté du droit et la suprématie législative

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2021

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Les Cahiers de droit ; vol. 62 no. 2 (2021)

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Monica Popescu, « L’arrêt Vavilov : à la recherche de l’équilibre perdu entre la primauté du droit et la suprématie législative », Les Cahiers de droit, ID : 10.7202/1077699ar


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Rendu en décembre 2019, l’arrêt Canada (Ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration) c. Vavilov établit le cadre d’analyse contemporain en matière de contrôle judiciaire d’une décision administrative sur le fond. La Cour suprême du Canada exprime à cette occasion le souhait de rendre ce domaine du droit plus certain et plus cohérent. Le présent article s’intéresse à l’aptitude de la nouvelle approche à atteindre cet objectif. L’analyse part du constat que l’instabilité qui caractérise historiquement le droit du contrôle judiciaire est liée à l’incapacité des approches précédentes à guider de manière appropriée les cours de révision dans la réalisation de leur mission de recherche de l’équilibre entre la primauté du droit et la suprématie législative. À la lumière de la jurisprudence antérieure, l’auteure conclut que l’arrêt Vavilov permet d’espérer davantage de certitude sur le plan de la détermination de la norme de contrôle applicable, mais que le risque d’instabilité subsiste en matière d’application de la norme de la décision raisonnable. En effet, bien que les indications de la Cour suprême à cet égard témoignent généralement du souci d’apaiser la tension sous-jacente à la relation entre les principes de la primauté du droit et de la suprématie législative, certaines affirmations des juges majoritaires, selon lesquelles des dispositions législatives « touchant à la portée du pouvoir d’un décideur » peuvent ne comporter qu’une seule interprétation, risquent d’affaiblir l’autodiscipline des cours de révision sur laquelle repose la déférence judiciaire.

Rendered in December 2019, the Vavilov decision sets the contemporary analytical framework for the judicial review of an administrative decision on the merits. On this occasion, the Supreme Court expressed the desire to add a certain degree of certainty and consistency to this field of law. This article focuses on the new approach’s propensity to achieve that goal. The analysis begins with the observation that there exists a connection between the instability that has historically characterized the law of judicial review and the failure of previous approaches to adequately guide reviewing courts in the fulfillment of their mission, which consists of balancing the rule of law and legislative supremacy. In light of earlier case law, the author concludes that the Vavilov decision offers the prospect of greater certainty in determining the applicable standard of review, but that the risk of instability remains with respect to the application of the reasonableness standard. Indeed, while the Supreme Court’s guidance in this regard generally reflects a concern to alleviate the tension underlying the relationship between rule of law and legislative supremacy principles, some of the majority justices’ assertions, namely that certain statutory provisions “relating to the scope of a decision maker’s authority” may involve only one interpretation, may weaken the self-discipline of reviewing courts on which judicial deference is based.

La decisión judicial del caso Vavilov dictada en el mes de diciembre de 2019 ha establecido el marco de análisis contemporáneo en materia de control judicial de una decisión administrativa vinculada con el fondo. La Corte Suprema ha expresado en esta ocasión el deseo para que este campo del derecho sea más determinado y coherente. Este artículo trata sobre la aptitud del nuevo enfoque para alcanzar este objetivo. El análisis parte del hecho de que la inestabilidad — que históricamente ha caracterizado al derecho del control judicial — está vinculada con la incapacidad de los enfoques precedentes para guiar de forma adecuada a las cortes revisoras en la realización de su misión, que es la búsqueda del equilibrio entre la primacía del derecho y la supremacía legislativa. Basándose en la jurisprudencia anterior, la autora ha concluido que la decisión tomada en el caso Vavilov ha permitido esperar una mayor certeza con respecto a la determinación de la norma de control aplicable, sin embargo, el riesgo de inestabilidad es latente en materia de la aplicación de la norma de la decisión razonable. A pesar de las directivas de la Corte Suprema al respecto, que generalmente dan fe del afán que se tiene para aplacar la tensión subyacente que existe en la relación entre los principios de la primacía del derecho y de la supremacía legislativa, se encuentran algunas afirmaciones de la mayoría de los jueces, según las cuales, ciertas disposiciones legislativas que « afectan el alcance del poder de una persona que decide » pueden tener solamente una interpretación, y pueden debilitar la autodisciplina de las cortes de alzada y sobre la cual reposa la deferencia judicial.

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