CJUE et Cour EDH : la dialectique du maître et de l’esclave?

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2020

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Revue québécoise de droit international ; (2020)

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Sébastien Platon, « CJUE et Cour EDH : la dialectique du maître et de l’esclave? », Revue québécoise de droit international / Quebec Journal of International Law / Revista quebequense de derecho internacional, ID : 10.7202/1078553ar


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La dialectique du Maître et de l’Esclave, développée par Hegel dans La Phénoménologie de l’Esprit, est un exemple typique du fonctionnement de la dialectique dans l’approche hégélienne. L’esclave est initialement soumis aux ordres du maître (thèse). Cependant, il acquiert son autonomie grâce au produit de son travail et gagne en indépendance alors que le maître continue de dépendre de la reconnaissance de celui-ci pour garder son statut. Ainsi, le maître devient progressivement esclave et l’esclave maître. Le deuxième moment de la dialectique (antithèse) est alors accompli. La dépendance maître-esclave est niée. La dernière étape de la dialectique, la synthèse, est marquée par l’annulation de la situation de maître et d’esclave, chacun ayant obtenu sa reconnaissance. Mutatis mutandis, cette parabole philosophique n’est pas sans intérêt pour analyser les rapports entre les deux cours européennes, la Cour européenne des droits de l’homme (Cour EDH) et la Cour de justice de l’Union européenne (Cour de justice), au regard de la protection des droits fondamentaux – même si, bien évidemment, c’est une exagération évidente que de décrire les relations entre les deux cours comme une relation maître-esclave. Il n’en reste pas moins qu’aux origines, la Cour de justice, en l’absence de texte communautaire protégeant les droits fondamentaux, s’est assez rapidement « soumise » au système de la Convention européenne des droits de l’homme, y compris à la jurisprudence de la Cour EDH. L’évènement marquant la transition vers la seconde phase de la dialectique est l’adoption de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne (Charte), qui permit à la Cour de justice de développer un système plus autonome. Cette autonomisation concourt à la mise en place d’une relation plus égalitaire entre les deux cours, marquée par exemple par le fait que la Cour EDH emprunte elle aussi, quoique plus rarement, au droit de l’Union européenne.

The dialectic of Master and Slave, developed by Hegel in The Phenomenology of the Spirit, is a typical example of how dialectic works in the Hegelian approach. The slave is initially subject to the orders of the master (thesis). However, he acquires his autonomy through the product of his work and gains independence while the master continues to depend on his recognition to maintain his status. Thus, the master gradually becomes a slave and the slave becomes the master. The second moment of the dialectic (antithesis) is then accomplished. Master-slave dependence is denied. The last stage of the dialectic, the synthesis, is marked by the cancellation of the master and slave situation, each having obtained their recognition. Mutatis mutandis, this philosophical parable is not without interest when analysing the relationship between the two European courts, the European Court of Human Rights (ECtHR) and the Court of Justice of the European Union (Court of Justice), with regard to the protection of fundamental rights – although it is obviously an obvious exaggeration to describe the relationship between the two courts as a master-slave relationship. Nevertheless, the fact remains that, in the absence of a Community text protecting fundamental rights, the Court of Justice, in the early days, "submitted" itself fairly quickly to the European Convention on Human Rights (ECHR) system, including the case-law of the ECtHR. The event marking the transition to the second phase of the dialectic was the adoption of the Charter of Fundamental Rights of the European Union (Charter), which allowed the Court of Justice to develop a more autonomous system. This autonomy contributes to the establishment of a more egalitarian relationship between the two courts, marked, for example, by the fact that the ECtHR also borrows, albeit more rarely, from European Union law.

La dialéctica de Amo y Esclavo, desarrollada por Hegel en La Fenomenología de la Mente, es un ejemplo típico de cómo funciona la dialéctica en el enfoque hegeliano. El esclavo está inicialmente sujeto a las órdenes del amo (tesis). Sin embargo, adquiere su autonomía gracias al producto de su trabajo y gana independencia mientras que el maestro sigue dependiendo del reconocimiento del mismo para mantener su estatus. Así, el amo se convierte gradualmente en un esclavo y el esclavo se convierte en el amo. El segundo momento de la dialéctica (antítesis) se cumple entonces. Se niega la dependencia del amo-esclavo. La última etapa de la dialéctica, la síntesis, está marcada por la cancelación de la condición de amo y esclavo, habiendo obtenido cada uno su reconocimiento. Mutatis mutandis, esta parábola filosófica no carece de interés para analizar la relación entre los dos tribunales europeos, el Tribunal Europeo de Derechos Humanos (TEDH) y el Tribunal de Justicia de la Unión Europea (Tribunal de Justicia), en lo que respecta a la protección de los derechos fundamentales, aunque obviamente es una exageración evidente describir la relación entre los dos tribunales como una relación amo-esclavo. No obstante, el hecho es que, a falta de un texto comunitario que proteja los derechos fundamentales, el Tribunal de Justicia, en un primer momento, se "sometió" con bastante rapidez al sistema del Convenio Europeo de Derechos Humanos (CEDH), incluida la jurisprudencia del TEDH. El acontecimiento que marcó la transición a la segunda fase de la dialéctica fue la adopción de la Carta de Derechos Fundamentales de la Unión Europea (Carta), que permitió al Tribunal de Justicia desarrollar un sistema más autónomo. Esta autonomía contribuye al establecimiento de una relación más igualitaria entre los dos tribunales, marcada, por ejemplo, por el hecho de que el TEDH también toma prestado, aunque más raramente, del derecho de la Unión Europea.

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