#Flygskam : le pouvoir de la honte de prendre l’avion pour gouverner le changement climatique

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2021

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Lien social et Politiques ; no. 86 (2021)

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Lucas Brunet, « #Flygskam : le pouvoir de la honte de prendre l’avion pour gouverner le changement climatique », Lien social et Politiques, ID : 10.7202/1079492ar


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Le terme suédois flygskam (avion-honte) désigne la honte de prendre l’avion à cause de sa contribution au changement climatique. À partir de 2018, cette honte s’est largement répandue sur les réseaux sociaux (#flygskam) jusqu’à constituer un mouvement de remise en question du transport aérien. Comment cette honte a-t-elle été suscitée, relativisée, reconvertie et quelles ont été ses conséquences politiques ? En analysant qualitativement les récits de honte partagés sur Instagram, l’article montre comment les voyageurs construisent leur expérience de la honte, et y réagissent. Dans la lignée des travaux de la sociologie des émotions, l’article appréhende la honte comme une émotion régulée pour répondre à certaines normes sociales qui définissent les émotions à ressentir et à exprimer selon les situations (règles de sentiment), et qui exigent, parfois, un travail émotionnel d’adaptation. Les voyageurs sensibilisés à l’environnement se conforment ainsi à une nouvelle règle émotionnelle de la honte de prendre l’avion, et ceux qui ne respectent pas cette règle peuvent être ciblés par des campagnes de honte. Pour conjuguer la honte prescrite par la règle de sentiment et le plaisir associé aux trajets aériens, certains voyageurs conduisent un travail émotionnel et se déculpabilisent en compensant les émissions générées par leurs voyages en avion. Enfin, la honte est reconvertie en fierté de voyager en train et donne lieu à l’instauration d’une nouvelle règle émotionnelle. En définitive, l’article montre comment la honte articule les conduites individuelles et collectives par l’établissement de nouvelles normes.

The Swedish term flygskam (plane-shame) refers to the shame of flying due to its contribution to climate change. From 2018 onwards, this shame spread widely on social networks (#flygskam) and assembled a social movement challenging air transportation. How was this shame generated, soothed, converted and what were its political consequences? Drawing on a qualitative analysis of the shame narratives shared on Instagram, the article shows how travelers construct and respond to their experience of shame. In line with the scholarship in the sociology of emotions, the article considers shame as an emotion regulated to meet certain social norms concerning the expression of emotions (rules of feeling) which sometimes require emotional work. As a result, environmentally conscious travelers are complying with a new feeling rule of shame of flying, and those who break this rule may be targeted by shame campaigns. To combine the shame prescribed by the feeling rule and the pleasure associated with air travel, some travelers carry out emotional work and relieve their guilt by offsetting their emissions. Shame is also converted into pride in traveling by train and gives rise to a new emotional rule. Ultimately, the article shows how shame articulates the government of individuals and collectives by setting up new norms.

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