2020
Tous droits réservés © Revue Intermédialités, 2021
Marie-Aude Baronian, « Entre les visages : l’image-témoin en glissement », Intermédialités: Histoire et théorie des arts, des lettres et des techniques / Intermediality: History and Theory of the Arts, Literature and Technologies, ID : 10.7202/1080954ar
Cet article se concentre sur un des tropes majeurs du témoignage audiovisuel : le visage. Il s’agit de réfléchir, dans le contexte de la violence de masse, à la façon dont le visage cristalliserait l’image-témoin elle-même. Pour ce faire, deux installations vidéo sont prises en compte : Entre l’écoute et la parole : derniers témoins. Auschwitz-Birkenau 1945–2005 (2010) de l’artiste Esther Shalev-Gerz et Chorus (2015) du cinéaste Atom Egoyan. Les deux artistes touchent, respectivement, à la Shoah et au génocide des Arméniens en multipliant les écrans par lesquels les visages des survivants (réels ou fictifs) apparaissent comme les seuls possibles loci du témoignage indicible. Parallèlement, l’article insiste sur la pertinence de la pensée du philosophe Emmanuel Levinas lorsqu’on invoque la relation entre image et témoignage au-delà des régimes représentationnels et spectatoriels. Au bout du compte, on tentera de désacraliser et de décaricaturer le visage comme figure démonstrative et dévoilante (souvent typique du témoignage audiovisuel), afin de révéler l’infini glissement qui singularise l’image-témoin.