L’américanité, ou la destruction tranquille du patrimoine : Essai de sociologie politique sur le « mal patrimonial » au Québec

Fiche du document

Date

2021

Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Source

Ethnologies

Relations

Ce document est lié à :
Ethnologies ; vol. 43 no. 1 (2021)

Collection

Erudit

Organisation

Consortium Érudit

Licence

Tous droits réservés © Ethnologies, Université Laval, 2021



Citer ce document

Félix Mathieu et al., « L’américanité, ou la destruction tranquille du patrimoine : Essai de sociologie politique sur le « mal patrimonial » au Québec », Ethnologies, ID : 10.7202/1082159ar


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr En

Le patrimoine est en abîme. Il souffre d’un « mal » profond, difficile à cerner. Comment expliquer ce phénomène en le situant plus précisément dans le sillage de la trajectoire sociopolitique du Québec ? Afin de répondre à ce questionnement des plus préoccupants, cet article propose une (hypo)thèse forte qui ne pourra toutefois pas être démontrée au sens premier du terme : c’est pourquoi nous le qualifions d’essai de théorisation. Son objectif consiste à soulever une piste de réponse qui nous paraît féconde, et que nous espérons ensuite voir débattue par la communauté tant épistémique que praticienne. Cette thèse s’articule ainsi : le « mal patrimonial », au Québec, s’explique principalement par la prégnance de l’américanité – comme pensée forte – pour imaginer l’être, le passé et le devenir de la société québécoise. Ce faisant, la nation québécoise en est venue à s’imaginer par l’unique prisme d’une radicale modernité, rejetant par principe toute intentionnalité collective particulière. C’est parce qu’elle associe plus ou moins (in)consciemment le patrimoine aux traditions, puis le traditionalisme aux sociétés d’Ancien régime, que l’américanité est à l’origine de l’abîme du patrimoine et de l’acte de patrimonialisation.

Heritage is in desperate straits. It is suffering from a serious «affliction» that is difficult to define. How can we explain this phenomenon by placing it more squarely on the path of Quebec’s socio-political trajectory? In order to answer this most worrisome question, this article sets forth a strong (hypo)thesis that, even so, cannot be demonstrated in the primary sense of the term: for this reason we call it an attempt at theorizing. Its objective is to propose an approach toward a response that seems promising to us, and that we hope then to see debated within the academic community and practicians more broadly. To put in a nutshell, we argue that the «heritage disorder» in Quebec can be explained mainly by the prevalence of Americanity – as a dominant idea – to imagine the present being, the past and the future of Quebec society. In so doing, the Quebec nation has come to imagine itself through the single lens of a radical modernity, rejecting on principle any distinctive collective intentionality. It is because it more or less (un)consciously associates heritage with traditions, and then traditionalism with Old Regime societies, that Americanity is at the heart of the heritage chaos and of the act of heritagization.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en