2021
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Ethnologies ; vol. 43 no. 1 (2021)
Tous droits réservés © Ethnologies, Université Laval, 2021
Martin Donlefack, « Festival culturel ŋgím nu du peuple Bamendou (Cameroun) : De la lutte contre l’oubli à la restauration des valeurs spoliées », Ethnologies, ID : 10.7202/1082165ar
Les questions d’identité et de culture drainent avec elles une forte teneur symbolique en ce qu’elles se situent au centre des rapports humains ; elles ressortent les rapports entre l’homme et son semblable, les brassages des peuples, les syncrétismes culturels, les enjeux économiques, les préoccupations mémorielles… Ces dernières décennies au Cameroun, elles fascinent de plus en plus, suscitent des polémiques, animent des débats et orientent certaines décisions et politiques publiques. En tant qu’entité politique construite sur des valeurs identitaires ou culturelles communes à un peuple et sur des expériences historiques propres à elle, la Chefferie Supérieure Bamendou au Cameroun ne peut que réaffirmer le rôle qu’elle a joué et la place qu’elle a occupée dans tous ces processus historiques. Le festival culturel ngím nu des Bamendou s’inscrit ainsi dans une volonté de valoriser ce pan important de son passé, de lutter contre l’oubli, de rapprocher les peuples en encourageant la culture de paix et de tolérance. C’est donc tous ces aspects qui ont encouragé et soutenu l’organisation de la 54e édition du festival ngím nu en mars 2019 (édition de la relance). Parce que nous avons été au coeur de l’organisation de cet événement, nous avons eu le privilège de rassembler un ensemble de témoignages oraux, écrits et iconographiques. L’exploitation et la confrontation de ces sources nous permettent de présenter un modèle festivalier qui s’impose comme une arme locale et culturelle contre l’acculturation devenue un facteur d’instabilité sociale et politique (conflits ethniques et conflits entre et au sein des grandes religions monothéistes) et comme une implémentation objective des politiques de restauration et de valorisation des valeurs patrimoniales. Ce festival est aussi un moyen efficace de reconstitution d’une mémoire collective effritée par un passé colonial culturellement douloureux.