2021
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Les ateliers de l'éthique ; vol. 16 no. 1 (2021)
© Centre de recherche en éthique de l’Université de Montréal, 2021
Constant Bonard et al., « PAS DE PANIQUE ? », Les Ateliers de l'éthique / The Ethics Forum, ID : 10.7202/1083642ar
Dans cet essai, nous nous attaquons à l’idée reçue selon laquelle la panique consiste simplement en un état où l’on se laisse « dépasser par sa peur ». La panique, selon nous, n’est pas une peur extrême qui pousse nécessairement la personne à des comportements dysfonctionnels, contre-productifs et irrationnels. Au contraire, comme nous allons tenter de le montrer ici, il s’agit d’une émotion à part entière qui a ses propres fonctions cognitives et motivationnelles. Nous analyserons ici la panique comme une réaction face à un danger perçu comme majeur, imminent et sans issue claire, dans le sens où le sujet n’a pas de plan d’action déterminé pour réagir face au danger. La panique implique ainsi un accès particulier à certaines informations ou certains faits – une perception ou appréhension d’un danger et de ses propriétés précises – et c’est en cela qu’elle a une fonction cognitive. Sur le plan motivationnel, nous défendrons l’idée selon laquelle la panique implique des tendances à l’action appropriées à la situation telle qu’elle est perçue. À contre-courant de l’opinion populaire et de celle des philosophes, nous proposerons donc une manière de concevoir la panique comme pouvant être fonctionnelle et ainsi, rationnelle, dans la mesure où cette émotion nous aide à atteindre nos buts étant donné les moyens dont nous disposons. Contrairement à ce nous pourrions penser, dans certaines situations il vaut la peine de paniquer.