Pratiques post-mortem de recréation d’une « bonne mort » dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée en Suisse

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2021

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Anthropologie et Sociétés ; vol. 45 no. 1-2 (2021)

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Gabriela Rauber et al., « Pratiques post-mortem de recréation d’une « bonne mort » dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée en Suisse », Anthropologie et Sociétés, ID : 10.7202/1083804ar


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Dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée en Suisse, les pratiques actuelles entourant la mort (« faire la mort ») (Soom Ammann et al. 2016) sont fortement influencées par le concept normatif occidental contemporain de la « bonne mort », qui met l’accent sur la détermination de l’individu à mourir dans la dignité, la pleine conscience et l’acceptation (Hart et al. 1998). En même temps, la prise en charge institutionnelle de la vieillesse est confrontée à des changements sociétaux tels que l’augmentation de la diversité parmi les résidents et le personnel soignant et l’admission très tardive de résidents ayant souvent des problèmes de communication liés à leur santé. À partir des données recueillies lors d’une recherche de terrain ethnographique à long terme dans des centres d’hébergement et de soins de longue durée en Suisse, cet article illustre la façon dont les efforts du personnel soignant pour permettre une « bonne mort » ne s’arrêtent pas à la mort biologique du résident, mais s’étendent aux pratiques de préparation du cadavre « joliment ». Exposant deux cas de soins post-mortem, nous décrivons d’abord les pratiques du personnel soignant telles qu’elles sont usuellement mises en oeuvre dans le cas d’une « bonne mort ». Puis, nous recourons à un cas perçu comme une « mauvaise mort » pour discuter des pratiques consistant à rendre une mort « meilleure » rétrospectivement. Nous avançons que — surtout si les proches n’ont pas exprimé de souhaits particuliers concernant les soins post-mortem ou si les pratiques de l’établissement au sujet des soins post-mortem ne sont pas hautement détaillées —, les membres du personnel soignant peuvent disposer d’une certaine latitude d’interprétation pour donner au corps du défunt un aspect qui corresponde également à leur propre conception d’un « cadavre de belle apparence ». Nous avançons que cette pratique est un élément important des stratégies professionnelles des membres du personnel pour faire face à leur expérience répétée de la mort et de la fin de vie dans un centre d’hébergement et de soins de longue durée. Nous concluons que les pratiques de soins post-mortem que nous avons décrites, qui consistent à (re)créer une « bonne mort », devraient être considérées comme faisant partie intégrante de « faire la mort » dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée dans une société occidentale contemporaine fortement diversifiée telle que la Suisse.

In Swiss nursing homes, current practices of “doing death” (Soom Ammann et al. 2016) are strongly influenced by the contemporary Western normative concept of “good death,” which focusses on a self-determined dying in dignity, awareness and acceptance (Hart et al. 1998). At the same time, institutional old age care is confronted with societal changes such as rising diversities among both residents and caregivers and the very late admission of residents with often health-related communication restrictions. Using data from a long-term ethnographic field research in Swiss nursing homes, the paper illustrates how caregivers’ efforts to enable a “good death” do not end with the biological death of the resident but further extend to practices of preparing the dead body “nicely.” Presenting two cases of post-mortem care, we first describe caregivers’ practices as typically performed in a case of “good death.” Then, we use the case of a perceived “bad death” to discuss practices of making a death “better” retrospectively. We argue that, especially if relatives do not express wishes for after-death care and/or if institutional regulations on post-mortem care are not highly detailed, caregivers may use a certain scope of interpretation to arrange the dead body in a way that also corresponds to their own notions of a “nice-looking dead body.” We argue that doing so is an important element of staff members’ professional strategies to cope with their repeated experiences of death and dying in the nursing home. We conclude that the described post-mortem care practices of (re)constructing a “good death” should be considered as an integral part of the nursing homes’ overall “doing death” in a highly diversified contemporary Western society like Switzerland.

En Suiza, en las residencias para ancianos, las actuales prácticas en torno de la muerte («preparar la muerte») (Soom Ammann et al. 2016) están muy influidas por el concepto normativo occidental contemporáneo de «bien morir», según el cual el individuo toma la determinación de fallecer dignamente, con plena consciencia y aceptación (Hart et al. 1998). Al mismo tiempo, la asistencia institucional de la vejez se confronta con cambios sociales como el aumento de la diversidad entre los residentes y el personal asistencial, y la admisión tardía de residentes con problemas de comunicación ligados con su salud. A partir de datos recogidos durante una investigación de campo etnográfica a largo plazo en las residencias para ancianos en Suiza, este artículo ilustra la manera en que los esfuerzos de los proveedores de cuidados destinados a facilitar el «bien morir» no se limitan a la muerte biológica del residente, sino se extienden a las prácticas de preparación del cadáver «adecuadamente». Se exponen dos casos de cuidados post-mortem, para describir primero las prácticas de los proveedores de cuidados tal y como se realizan normalmente en el caso de una «buena muerte». Y recurrimos a un caso percibido como una «mala muerte» para discutir las prácticas que consisten en volver una muerte «mejor» retrospectivamente. Sugerimos que --sobre todo si los parientes no han expresado ningún deseo particular sobre las atenciones post-morten o si los reglamentos de la institución sobre el este sujeto no están muy detallados-- , los miembros del personal sanitario disponen de cierta latitud par dar al cuerpo del difunto un aspecto que corresponde igualmente a sus propias concepciones de un «cadáver con bella apariencia». Sugerimos que esta práctica es un elemento importante de las estrategias profesionales de los miembros del personal para confrontar sus experiencia repetidas de cuidados post-morten que hemos descrito, que consisten en (re)construir una «buena muerte», deberían ser considerados como parte integrante del conjunto de funciones de «preparar la muerte» en las residencias de ancianos en una sociedad occidental contemporánea muy diversificada como es Suiza.

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