2021
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Canadian Journal of Bioethics ; vol. 4 no. 2 (2021)
© AndrewStumpf and DominicRogalski, 2021
Andrew Stumpf et al., « Getting Real About Killing and Allowing to Die: A Critical Discussion of the Literature », Canadian Journal of Bioethics / Revue canadienne de bioéthique, ID : 10.7202/1084448ar
La signification morale de la distinction entre tuer et laisser mourir a joué un rôle clé dans les débats sur l’euthanasie et le suicide assisté. L’arrêt d’un traitement de survie étant considéré comme moralement acceptable par la communauté médicale, il s’ensuit que s’il n’y a pas de différence moralement significative entre tuer et laisser mourir, il n’y a pas non plus de différence moralement significative entre l’arrêt d’un traitement de survie et l’administration d’une injection létale pour mettre fin à la vie d’un patient. La cohérence exige donc que l’euthanasie active volontaire (EAV) soit également moralement admissible. Les débats sur la question de savoir si cette distinction est moralement significative ou non se poursuivent depuis des décennies, sans grand espoir de consensus. Nous commençons par passer en revue la littérature afin d’identifier les stratégies argumentatives communes utilisées pour défendre ou rejeter l’importance de la distinction. Nous observons, sur la base de notre revue, que nombre de ces stratégies opèrent d’une manière qui est conceptuellement éloignée de la situation clinique concrète des médecins impliqués dans des pratiques qui conduisent à la mort du patient (par arrêt de traitement ou EAV). Nous concluons en plaidant pour une nouvelle manière de faire avancer le débat indiquée par notre lecture de la littérature, à savoir en accordant une attention particulière à l’expérience morale des médecins impliqués dans les interventions de fin de vie afin de comprendre comment ils vivent ces pratiques. L’exploration de l’expérience des médecins peut révéler comment la distinction peut ou non être utile à la délibération morale, et peut fournir le contexte nécessaire pour théoriser sur la distinction d’une manière plus empirique et plus utile en pratique.