2021
Ce document est lié à :
Cinémas : Revue d'études cinématographiques ; vol. 29 no. 3 (2021)
Tous droits réservés © Cinémas, 2021
Yannick Le Pape, « De la peinture au péplum. L’anticomanie du second xixe siècle et son héritage à l’écran », Cinémas: Revue d'études cinématographiques / Cinémas: Journal of Film Studies, ID : 10.7202/1084575ar
Dès les premiers courts métrages des années 1890, le cinéma épique s’est mis à puiser allégrement dans l’imagerie que lui fournissait la peinture académique de la seconde partie du xixe siècle. Les visions de Jean-Léon Gérôme, de Poynter ou d’Alma-Tadema ne cessèrent d’ailleurs jamais de servir de modèles pour reconstituer l’Antiquité à l’écran. L’influence est telle qu’elle cache sans doute plus qu’une astuce facile pour les cinéastes en manque d’inspiration. À la fois fantasmatique et très documentée, cette esthétique singulière – celle des peintres « pompiers » – correspond précisément aux attentes contradictoires d’une industrie cinématographique essayant depuis toujours de concilier un grand réalisme scientifique, gage d’authenticité et de légitimité, et ce goût du public pour les mises en scène spectaculaires qui lui assurent audience et popularité. Il n’y aurait alors pas là un simple phénomène de recyclage bon marché, mais une connivence – entre la peinture et le cinéma – dans la manière de concevoir les images et, conséquemment, de donner à voir l’histoire.