2021
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Dalhousie French Studies : Revue d'études littéraires du Canada atlantique ; vol. no. 119 (2021)
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Catherine Rodgers, « La puissante écriture intertextuelle de Marie Darrieussecq dans Il faut beaucoup aimer les hommes », Dalhousie French Studies: Revue d'études littéraires du Canada atlantique, ID : 10.7202/1086334ar
En 2010 Marie Darrieussecq publiait Rapport de Police, Accusations de plagiat et autres modes de surveillance de la fiction comme réponse aux accusations de plagiat portées contre elle par Camille Laurens et Marie NDiaye. Dans cet essai elle se réclamait d’une écriture franchement intertextuelle. Il faut beaucoup aimer les hommes appartient à ce modèle d’écriture : Darrieussecq puise dans d’autres textes des images fortes pour les renouveler et les prolonger. En particulier, elle y retravaille certains topoï, tels le coup de foudre, la passion hétérosexuelle et les relations Blancs-Noirs. Ses principaux intertextes sont Passion simple d’Annie Ernaux, Heart of Darkness de Joseph Conrad ainsi qu’Apocalypse Now, le film qu’en a tiré Francis Ford Coppola. Elle met aussi à son service plusieurs textes de Marguerite Duras, ainsi que des chansons, des proverbes, des phrases clés et des anecdotes. Elle explore ainsi de nombreux clichés, entre autres ceux qui concernent deux lieux mythiques, Hollywood et l’Afrique.Cette riche intertextualité aurait pu amener la dilution de sa propre voix si elle n’avait pas aussi ancré son texte dans sa propre expérience, en incluant la présence discrète d’un je auctorial et en s’assurant par un épitexte extensif que les rapprochements autobiographiques avec sa protagoniste Solange soient connus ainsi que le fait que son texte est aussi né de recherches personnelles sur l’Afrique et Hollywood. Avec Il faut beaucoup aimer les hommes, Darrieussecq a ainsi écrit un texte puissant et personnel malgré, ou plutôt grâce à, sa vaste intertextualité.