2021
Ce document est lié à :
Santé mentale au Québec ; vol. 46 no. 2 (2021)
© Département de psychiatrie de l’Université de Montréal, 2022
Jean Morin et al., « L’état mental à risque : au-delà de la prévention de la psychose », Santé mentale au Québec, ID : 10.7202/1088179ar
Objectifs Cet article vise à contextualiser et réviser les interventions auprès des patients avec un état mental à risque de psychose (EMR-P).Méthode Il s’agit d’une synthèse des écrits portant sur l’EMR-P, plus précisément sur le développement des critères qui le définissent, l’évolution des patients qui en souffrent, les principales interventions étudiées jusqu’à maintenant et les services cliniques développés à ce jour.Résultats Les critères qui définissent l’EMR-P ont été développés à partir des observations sur le prodrome des troubles psychotiques, pour prévenir ou retarder le début de la psychose. Ces critères permettent d’identifier 3 grands groupes de patients qui demandent de l’aide parce qu’ils sont souffrants et présentent des problèmes de fonctionnement. L’évaluation diagnostique demeure une étape cruciale qui comporte certains défis pour les cliniciens. Une proportion significative des patients avec un EMR-P ne développera pas de trouble psychotique. L’évolution peut toutefois être défavorable même lorsqu’il n’y a pas développement d’un trouble psychotique. Certaines interventions ont heureusement été étudiées pour améliorer l’état clinique des patients EMR-P. Elles se divisent principalement en 2 catégories : les approches psychosociales et la pharmacothérapie. Des initiatives cliniques visant à évaluer et offrir un soutien à ces patients ont vu le jour dans le monde, dont en Suisse, en France et au Canada. Plusieurs facteurs, notamment l’organisation du système de santé, influencent la mise en place et l’intégration de ces services au sein des structures existantes. Sachant qu’une faible proportion des patients EMR-P évoluera vers un trouble psychotique, il serait pertinent d’offrir les interventions dans des lieux non stigmatisants et adaptés pour les jeunes, possiblement distincts des cliniques pour les premiers épisodes psychotiques.Conclusion Les interventions auprès des patients EMR-P vont bien au-delà de la prévention de la psychose. Elles répondent à des besoins cliniques légitimes. Une réflexion s’impose pour les déployer adéquatement dans les lieux les plus appropriés.