2021
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Santé mentale au Québec ; vol. 46 no. 2 (2021)
© Département de psychiatrie de l’Université de Montréal, 2022
Bastian Bertulies-Esposito et al., « L’union fait la force : initier un mouvement francophone national et international pour l’implantation de l’intervention précoce », Santé mentale au Québec, ID : 10.7202/1088189ar
Objectif Décrire l’implantation de l’intervention précoce pour la psychose dans 3 pays francophones ainsi que les défis rencontrés et les facteurs favorisant l’implantation.Méthode Synthèse narrative portant sur l’implantation de l’intervention précoce pour la psychose en francophonie à partir d’une revue de la littérature scientifique et de la littérature griseRésultats Comparativement à d’autres pays (Australie, Royaume-Uni, etc.), le déploiement des programmes d’intervention précoce en francophonie s’est fait plus tardivement et fait face à différents défis rendant son implantation à large échelle encore très hétérogène. Bien qu’une grande partie de la population ait accès à des services d’intervention précoce (SIP) au Québec (Canada), le respect de certaines composantes essentielles du modèle pose encore des défis. Toutefois, divers facilitateurs, notamment l’implication gouvernementale par la publication d’un Cadre de référence provincial normalisant les pratiques, des investissements gouvernementaux et un soutien clinique offert pour le développement et l’amélioration continue des programmes par le Centre national d’excellence en santé mentale et l’Association québécoise des programmes pour premiers épisodes psychotiques (AQPPEP) qui offre du mentorat, de la formation continue via une communauté de pratique ont été identifiés.En France, quoique l’implantation soit plus hétérogène, plusieurs centres proposent déjà des SIP, et un intérêt croissant pour cette approche se manifeste par plusieurs équipes, permettant d’espérer le déploiement d’un réseau sur l’ensemble du territoire. Le « Réseau transition » organise depuis 2007 des rencontres scientifiques, des formations spécialisées, la validation d’outils et travaille à éditer un référentiel adapté au système français. Dans la Suisse francophone, si des programmes ont été implantés relativement tôt (dès 2000 à Genève et dès 2004 à Lausanne), ils sont restés liés à des initiatives individuelles et des choix locaux. Ceci est dû en grande partie à l’autonomie complète de chacun des 26 cantons quant à l’organisation du système de santé et à l’absence de politique nationale de santé mentale. Un groupement suisse francophone a cependant été mis sur pied en 2020 qui va soutenir l’implantation de 5 programmes dans les 5 cantons concernés.Plusieurs spécificités de l’organisation des soins en santé mentale de chaque pays, dont la relative autonomie des « secteurs » et la scission entre pédopsychiatrie et psychiatrie adulte de même que l’absence d’une culture de l’évaluation des soins et du suivi des recommandations, peuvent avoir un impact sur l’implantation. Conclusion Outre la poursuite des efforts nationaux, une branche francophone de l’International Early Psychosis Association (IEPA) fondée par des leaders suisse, français et québécois pour unir les forces francophones à plus grande échelle a pour objectifs de promouvoir le réseautage, d’échanger sur les pratiques, de partager des outils et l’expertise via l’organisation d’une conférence internationale francophone annuelle visant à améliorer le partage des connaissances sur les pratiques développées ailleurs en intervention précoce en psychose.