Vague virale : surfer en co-inspiration avec les plantes

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2022

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Drogues, santé et société ; vol. 20 no. 1 (2022)

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Résumé Fr En Es

L’urgence sanitaire éveillée aux abords de la viralité COVID-19 a réifié une santé publique qui trace les lignes dures de corps perçus comme entités discrètes à défendre les unes contre les autres. À partir de nos expériences du (dé)confinement au Québec et de nos terrains antérieurs et actuels auprès de guérisseurs et médecines végétales en Colombie et au Cameroun, on s’intéresse aux relations laissées pour compte dans une telle matrice biomédicale, voire celles transversales d’écologies affectives biosociales reliées aux coprésences intimes et contagieuses. À cet égard, une approche anthropologique deleuzoguattarienne permet de penser à la fois l’espace strié du biopouvoir et l’espace lisse des flux et mouvements affectifs de la « vague virale », soit respectivement les rythmes cadencés, mesurables et les rythmes sans mesures des manières de s’agencer à la vague, incluant à travers les constrictions immunologiques. Nous abordons plus précisément la question de respirations végétales dans un monde d’agencements relationnels, aériens et sonores, plus ou moins viables. L’objectif est de maintenir un équilibre dans l’entre-deux permettant de traiter l’ouvert et le fermé de manière souple plutôt que rigide, sans perdre de vue ce(ux) qui s’y manifeste(nt). En naviguant, ou plutôt en surfant la vague virale sur le point de son devenir imprévisible, il s’agit donc de dépasser l’usuel positionnement scientifique de la striation, tout en co-inspirant avec le végétal en (dé)confinement. Notre propos en science mineure ou anexacte vise à rester collé aux manières de cohabiter avec les viralités tout en veillant à l’aspect vital de la contagion.

The health emergency awakened upon the arrival of COVID-19 virality reified a public health which traces the hard lines of bodies perceived as discrete entities to defend one from the other. From our experiences of (de)confinement in Quebec and in previous and actual fieldwork with healers and vegetal medicines in Cameroon and Colombia, we are here interested in the relations left behind in such a biomedical matrix, namely those transversal biosocial affective ecologies linked to intimate and contagious copresence. To these ends, a deleuzoguattarian anthropological approach enables to think both the striated space of biopower and the smooth space of affective movements and flux of the “viral wave”, respectively the cadenced and measurable rhythms and the rhythms without measure of the ways of connecting to the wave, even through immunological constrictions. We address the question of vegetal breathing more specifically in a world of more or less viable relational, aerial and sonorous assemblages. The goal is to maintain balance in the in-between enabling to deal with the open and the closed in a flexible rather than in a rigid manner, without losing sight of what or who is manifesting themselves. Navigating or rather riding the cusp of the wave ever on the point of breaking, we thus aim to surpass the usual scientific positioning of striation while co-inspiring with the vegetal in (de) confinement. Our discussion in minor or anexact science aims to remain close to the ways in cohabiting with viralities while taking into account the vital aspect of contagion.

La emergencia sanitaria que se suscitó en torno a la viralidad COVID-19 ha reificado una salud pública que traza lineamientos duros en torno a cuerpos percibidos como entidades discretas que deben ser defendidas unas de otras. Basándonos en nuestras experiencias de (des)confinamiento en Quebec y en terrenos precedentes y actuales con sanadores y medicinas en Colombia y Camerún, nos centramos en este artículo en las relaciones medicinales dejadas de lado por la matriz biomédical, incluso en aquellas ecologías afectivas, biosociales y transversales entreveradas a co-presencias íntimas y contagiosas. En este sentido, un enfoque antropológico deleuzoguattariano nos permite pensar tanto en el espacio estriado del biopoder como en el espacio liso de los flujos y movimientos afectivos de la “ola viral”, es decir, respectivamente los ritmos cronometrados, medibles, y los ritmos sin medida que remiten a maneras de agenciarse con la ola inclusive a través de las constricciones inmunológicas. En otros términos, abordamos la cuestión de la respiración con las plantas en un mundo de entreveros relacionales, aéreos y sonoros, más o menos viables. Se trata de mantener un equilibrio en el entrevero que permita tratar los temas de lo abierto y de lo cerrado de manera flexible antes que rígida, sin perder de vista lo(s) que allí se hace(n) presente(s). Navegando o quizás surfeando la ola en su devenir imprevisible, nos planteamos las ideas de superar un posicionamiento científico usual de estriación y de co-inspirar con lo vegetal en (des)confinamiento. Nuestro posicionamiento en ciencias menores o anexactas apunta a dar cuenta de maneras de coexistir con las viralidades, teniendo en cuenta el aspecto vital del contagio.

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