2022
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TTR : Traduction, terminologie, rédaction ; vol. 35 no. 1 (2022)
© RenéeDesjardins et ValérieFlorentin, 2022
Renée Desjardins et al., « L’enseignement de la traduction au Canada : réflexions à la suite de leçons tirées de la pandémie, de la justice sociale et des changements en milieux universitaires », TTR: Traduction, terminologie, rédaction, ID : 10.7202/1093026ar
Depuis les années 1960 (et notamment les écrits de Paolo Freire), l’idée d’une pédagogie critique, qui refuserait les idées reçues, est bien implantée quoique peu discutée au-delà de la formation ou de la recherche en éducation. De surcroît, les études portant sur ce paradigme sont principalement diffusées en anglais, à quelques rares exceptions (voir Desmarais et al., 2020; Rousseau et al., 2013). Enfin, depuis le début de la pandémie en 2020, de nombreuses universités ont dû s’adapter aux circonstances, ce qui a mené à l’idée d’un « monde d’après », sans que l’on sache à quel point ce dernier tiendra compte de préoccupations bien établies, comme la conception universelle de l’apprentissage, la prépondérance des « nouvelles » technologies autant dans l’enseignement que dans le milieu du travail, ou l’appel de plus en plus marqué pour une plus grande justice sociale, pour ne citer que ces exemples. Selon cette perspective, nous remettons aussi en question certaines normes préconisées dans les programmes de traduction au Canada, par exemple, la place accordée aux langues officielles au détriment des langues issues de flux migratoires ou des langues autochtones. Comment revoir les normes traductives et institutionnelles qui ne desservent plus nos cohortes à l’ère du numérique et de l’automatisation? Comment repenser une vision prescriptive et normative de la langue dans des contextes évolutifs, marqués par la migration et les changements démographiques? Nous proposons une réflexion critique tout en suggérant quelques pistes concrètes pour créer des espaces d’apprentissage plus équitables et humanisants, plus favorables à la réussite et une formation « citoyenne » de la traduction (v. Basalamah, 2005). En effet, en traduction, nous sommes dans la position relativement unique de pouvoir proposer de nombreux textes à nos étudiant·e·s, ce qui permet d’assurer que leur vision du monde change progressivement pour s’ouvrir à d’autres réalités.