2022
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Canadian Journal of Bioethics ; vol. 5 no. 4 (2022)
© MarinaSalis and ConnorT. A.Brenna, 2022
Marina Salis et al., « Ethics of Amnestics and Analgesics: The Role of Memory in Mediating Pain and Harm », Canadian Journal of Bioethics / Revue canadienne de bioéthique, ID : 10.7202/1094698ar
L’analgésie et l’amnésie représentent deux piliers complémentaires de l’anesthésie visant, respectivement, à atténuer l’expérience de la douleur et les processus d’encodage de cette expérience dans la mémoire. Ces éléments sont généralement combinés dans les techniques anesthésiques modernes, mais il existe certaines circonstances – comme la sédation consciente – dans lesquelles les conditions de l’amnésie sont remplies alors que l’analgésie joue un rôle auxiliaire et souvent incomplet. Ces activités reflètent une croyance largement répandue mais méconnue dans la pratique clinique selon laquelle, bien que les expériences douloureuses puissent être de courte durée, leur représentation dans la mémoire et ses impacts ultérieurs sur la pensée et l’émotion peuvent avoir des conséquences durables pour les patients. Dans cet article exploratoire, nous définissons des catégories phénoménales et ontologiques abstraites de l’expérience de la douleur, nous affirmons qu’elles sont traitées respectivement par des agents analgésiques et amnésiques et nous décrivons comment chaque catégorie d’expérience est capable de causer des dommages individuels. Partant de la question de savoir comment il peut être permis d’autoriser toute expérience ou tout souvenir de douleur évitable, nous identifions que la douleur phénoménale et abstraite se manifeste sur un spectre de gravité, chacune avec un seuil énigmatique – unique à la circonstance et à l’individu – qui détermine si la douleur se traduira ou non par un préjudice, et quelles permissions entourent donc son traitement. En fin de compte, nous constatons qu’il existe des raisons physiologiques convaincantes pour l’utilisation simultanée d’analgésiques et d’amnésiques lorsque l’expérience de la douleur dépasse ces seuils, tandis que le traitement de l’expérience « sous-seuil » dans l’une ou l’autre catégorie est un impératif purement éthique qui doit être équilibré par des considérations sur les dommages potentiels posés par les traitements eux-mêmes.