2022
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Science of Nursing and Health Practices ; vol. 5 no. 2 (2022)
©, 2022ChristineGenest, NicolasBergeron, ÉmilieProvost-Tremblay, Marie-MichèleDufour, StéphaneGuay, SteveGeoffrion
Christine Genest et al., « Suicidal Ideation of Healthcare Workers During COVID-19: An Ecological Momentary Assessment », Science of Nursing and Health Practices / Science infirmière et pratiques en santé, ID : 10.7202/1095201ar
Introduction : La pandémie de COVID-19 a eu un impact sur la santé psychologique des travailleurs de la santé (TS). Des études transversales rapportent la présence d’idées suicidaires chez cette population pendant cette période, mais aucune étude longitudinale n’a examiné l’évolution de ces idées dans le temps.Objectifs : Évaluer l’évolution des idées suicidaires des TS au cours des deux premières vagues de la pandémie de COVID-19 au Québec (Canada) et identifier les facteurs de risque impliqués.Méthodes : Une étude longitudinale, utilisant l’évaluation écologique momentanée, a été menée entre le 8 mai 2020 et le 31 mars 2021 (correspondant à la période entre la moitié de la 1re vague à la fin de la seconde) auprès des TS québécois. Les participants (n=865) ont répondu de façon hebdomadaire à des questions relatives à l’anxiété (GAD-7), à la dépression (PHQ-9), aux idées suicidaires (PHQ-9 Q.9), à l’exposition à la COVID-19, à l’exposition aux décès liés à la COVID-19, à leur statut infectieux et à celui de leurs collègues et de leurs proches, ainsi qu’au temps passé à consommer des nouvelles liées à la COVID-19.Résultats : La proportion d’idées suicidaires a augmenté de mai à juin 2020 (deuxième moitié de la première vague) atteignant un pic à 18% avant de diminuer par la suite jusqu’en mars 2021. La gravité des symptômes d’anxiété et de dépression était corrélée positivement avec les idéations suicidaires, tout comme le fait d’avoir un collègue infecté à la COVID-19. Le soutien social ne semble pas être un facteur protecteur des idées suicidaires. Les idées suicidaires sont corrélées à la consommation de médias et un effet médiateur est observé par la présence d’une détresse clinique exprimée par des états dépressifs ou anxieux.Discussion et conclusion : La consommation de médias dans un contexte de pandémie est associée à de l’anxiété et à de la dépression, dont les états les plus graves peuvent exprimer des idées suicidaires. Sans inférer un lien de causalité, il semble recommandé aux travailleurs de la santé de limiter leur exposition aux médias lors d’une catastrophe telle qu’une pandémie.