L’herméneutique critique de Charles Taylor

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2021

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Sociologie et sociétés ; vol. 53 no. 1-2 (2021)

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Louis Quéré, « L’herméneutique critique de Charles Taylor », Sociologie et sociétés, ID : 10.7202/1097744ar


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Il y a un large accord aujourd’hui pour reconnaître que les sciences sociales sont des sciences interprétatives. Mais on peut donner des sens très différents à cette qualification. Les sociologues sont familiers de sa conception wébérienne. Ils le sont moins du point de vue de l’herméneutique. Charles Taylor est sans doute celui qui l’a le mieux explicité. Dans ce qui suit, je voudrais examiner sa philosophie des sciences sociales sous trois aspects. Le premier concerne l’utilisation de l’herméneutique philosophique de Heidegger et Gadamer pour développer une critique culturelle originale. Le deuxième consiste à examiner la « mise en contraste » comme méthode de compréhension : avec quoi vaut-il mieux contraster notre forme de vie moderne pour la comprendre ? Le cas de la sociologie des religions permet d’illustrer une stratégie possible, quoiqu’insatisfaisante. Le troisième aspect concerne l’historicité des sciences sociales et la dépendance de leur projet même, et de leurs cadres conceptuels, par rapport à ce que Taylor appelle « les imaginaires sociaux modernes ». Comment faire en sorte que cette dépendance ne fasse pas des sciences sociales de simples idéologies moulées dans des dispositifs d’enquête à prétention scientifique ? De quelle nature doit être leur réflexivité ? J’esquisse une réponse à cette dernière question en confrontant les points de vue de Taylor et de Pierre Bourdieu.

There is broad agreement among epistemologists that the social sciences are interpretative sciences. This way of thinking, however, must be qualified. Many sociologists are familiar with a Weberian approach ; far fewer are familiar with a hermeneutic perspective. One exception is Charles Taylor, whose work best clarifies the subject. In this article, I examine his philosophy of social sciences from three frames of reference. The first is Taylor’s use of the hermeneutic philosophies advanced by Heidegger and Gadamer to develop an original cultural critique. The second explores the methodology known as “contrasting” ; what counterpoints do we use to compare or juxtapose our modern lifestyles in order to better understand them ? The sociology of religions offers a plausible, but not totally satisfactory, approach for addressing this issue. The third frame of reference focuses on the historicity of the social sciences and the philosophical dependence, including that of their conceptual frameworks, on what Taylor calls “modern social imaginaries.” How, for example, do we ensure that this methodological dependence does not transform the social sciences into little more than an orthodoxy of investigative inquiry with scientific pretensions ? Upon what should we base our reflection ? A possible solution to this dilemma is proposed, based on a comparison of the philosophical perspectives championed by Taylor and Pierre Bourdieu.

Existe un amplio consenso actualmente en cuanto a que las ciencias sociales son ciencias interpretativas. Pero podemos atribuir significados muy diferentes a esta calificación. Los sociólogos están familiarizados con su concepción weberiana. Lo son menos desde el punto de vista de la hermenéutica. Charles Taylor es probablemente quien mejor ha hecho explícito esto. A continuación quisiera examinar su filosofía de las ciencias sociales a partir de tres aspectos. El primero se refiere al uso de la hermenéutica filosófica de Heidegger y Gadamer a fin de desarrollar una crítica cultural original. El segundo consiste en examinar la “comparación” como método de comprensión : ¿con qué resulta mejor comparar nuestra forma de vida moderna para comprenderla ? El caso de la sociología de las religiones permite ilustrar una estrategia posible, aun cuando insatisfactoria. El tercer aspecto concierne la historicidad de las ciencias sociales, así como la dependencia de su propio proyecto y de sus marcos conceptuales, lo que Taylor llama “los imaginarios sociales modernos”. ¿Cómo podremos asegurar que esta dependencia no haga de las ciencias sociales simples ideologías moldeadas en dispositivos de investigación con pretensiones científicas ? ¿Cuál debería ser la naturaleza de su reflexividad ? Aquí esbozo una respuesta a esta última pregunta, comparando los puntos de vista de Taylor y de Pierre Bourdieu.

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