2023
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Études internationales ; vol. 54 no. 1 (2023)
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Miguel Bandeira Jerónimo, « Les organismes inter-impériaux et l’internationalisation des politiques sociales (des années 1940 aux années 1960) », Études internationales, ID : 10.7202/1110732ar
Dans la période de l’après Seconde Guerre mondiale, les revendications sur le savoir-développer étaient nombreuses, provenant de diverses origines idéologiques et institutionnelles et traitant de sujets multiples, du bien-être rural au développement communautaire, de l’éducation à la santé et au travail. Les arguments et les projets d’intervention sur ces sujets en compétition dans divers espaces géographiques étaient nombreux. Parmi les acteurs internationaux participant à la promotion d’un agenda développementiste aux impacts mondiaux, deux organisations intér-impériales furent particulièrement actives, tantôt coopérant, tantôt rivalisant avec les agences spécialisées du système des Nations Unies : l’Institut international des civilisations différentes (INCIDI, 1949) et la Commission de coopération technique en Afrique au sud du Sahara (CCTA, 1950). Associées à des projets de résilience impériale et coloniale dans des contextes caractérisés par des pressions anticoloniales croissantes, les deux organisations ont contribué à l’internationalisation croissante des politiques sociales, réunissant de nombreux experts dans diverses conférences, en Europe et en Afrique, favorisant la production et le transfert de savoir original, en publiant divers rapports et enquêtes d’une portée considérable, et en parrainant même des interventions spécifiques sur le terrain. Ces dynamiques ont été façonnées de manière significative et fréquente par des conflits sur les motivations et les applications des politiques sociales qui ont eu lieu dans les métropoles impériales. Cet article aborde les rôles de ces deux institutions dans l’internationalisation des politiques sociales, en analysant certaines de leurs principales réunions, publications clés et projets significatifs, en prenant les thèmes de l’éducation, du « social » et du « bien-être rural » et, surtout, du travail comme principaux observatoires.