Chronique d’un fiasco : La gestion coloniale de la lèpre en Nouvelle-Calédonie

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2024

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Anthropologie et Sociétés ; vol. 48 no. 1 (2024)

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Christine Salomon, « Chronique d’un fiasco : La gestion coloniale de la lèpre en Nouvelle-Calédonie », Anthropologie et Sociétés, ID : 10.7202/1113160ar


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Cette contribution, qui s’appuie sur le croisement de sources administratives, missionnaires et médicales, revient sur l’histoire de la lèpre en Nouvelle-Calédonie pour éclairer un trait de la gestion de la maladie jusqu’ici peu documenté : les mesures différenciées en matière d’isolement des lépreux et de sanctions prises contre les récalcitrants selon leur classification par l’administration entre colons européens « libres », « libérés » du bagne, « éléments pénaux » (transportés ou relégués au bagne), et « indigènes et immigrants asiatiques et océaniens ». Elle rend compte de l’aspect coercitif des politiques menées envers les catégories les plus dominées, les colonisés et les bagnards, mais aussi de la résistance opiniâtre des Kanak à l’exclusion, à la dissolution des liens sociaux, et de leur capacité à mettre en échec les mesures d’isolement. L’aperçu donné sur la succession de ratés, d’errements, et finalement sur le fiasco de la gestion administrative et médicale de la lèpre jusqu’à ce que la diffusion des traitements antibiotiques, dans les années 1950, fasse régresser l’épidémie, ouvre un chapitre supplémentaire à ce que Guillaume Lachenal a appelé « l’anthropologie de la bêtise coloniale » (2014).

This contribution, based on the cross-referencing of administrative, missionary and medical sources, delves into the history of leprosy in New Caledonia to illuminate an aspect of disease management that has been relatively underexplored: the differentiated measures taken for the isolation of lepers and the punitive actions against those who resisted, based on their classification by the administration as “free” European settlers, “liberated” (former penal colony inmates), “penal elements” (those transported or relegated to the penal colony), and “Native and Asian/Oceanian immigrants”. The study reveals the coercive nature of policies applied to the most subordinate categories, the colonized and the convicts. It also highlights the Kanak people’s resolute resistance to the exclusion and the dissolution of social bonds, as well as their ability to thwart isolation measures. This overview of the series of missteps, errors, and ultimately, the administrative and medical management fiasco of leprosy, until the advent of antibiotic treatments, in the 1950s, brought the epidemic under control, adds another layer to what Guillaume Lachenal has termed “the anthropology of colonial foolishness” (2014).

Esta contribución, que se apoya sobre la intersección de fuentes administrativas, misioneras y médicas, vuelve sobre la historia de la lepra en Nueva Caledonia con el fin de esclarecer una característica de la gestión de la enfermedad, hasta ahora poco documentada: las medidas diferenciadas en materia de aislamiento de los leprosos y de las sanciones tomadas contra los recalcitrantes según la clasificación de la administración entre colonos europeos «libres», «liberados del presidio», «infractores penales» (transportados o relegados al presidio) e «indígenas e inmigrantes asiáticos y de Oceanía». Muestra el aspecto coercitivo de las políticas aplicadas a las categorías más sometidas, los colonizados y los presidiarios, pero asimismo de la tenaz resistencia de los Kanak contra la exclusión, la disolución de sus vínculos sociales y de su capacidad de hacer fracasar los mandatos de exclusión. La visión general dada del encadenamiento de fallas, errores y finalmente del fiasco de la gestión administrativa y médica de la lepra, hasta que la aparición de los tratamientos antibióticos en los años 1950 hiciera disminuir la epidemia, abre un capítulo más de lo que Guillaume Lachenal ha denominado la «antropología de la estupidez colonial» (2014).

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